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Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.3-1820.djvu/315

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La belle couverture a son ingratitude.

Qu'il me tient ces discours après un long étude,

Quel moyen plus exquis, quels signes plus parfaits,

Te pouvaient assurer des vœux que je te fais ;

N'ai-je assez clairement ma passion décrite ?

Faut-il perdre du temps à louer ton mérite,

Te dois-je par la voix, ce que mon cœur t'a fait,

Et n'est-ce pas assez que d'en sentir l'effet !

Mais ris de mes discours, et poursuis cette ingrate

Qui te joue elle-même alors qu'elle te flatte :

Dont tu ne peux qu'en vain espérer la pitié,

Qui n'a pas un esprit capable d'amitié ;

Entretiens constamment cette ardeur insensée,

Et n'en veille jamais divertir ta pensée ;

Révère ingratement sa tyrannique loi,

Pour ton propre malheur, toi-même venge-moi.

LISIDAN

.

Enfin je suis saisi de ma première crainte

Ces discours ont passé les bornes de la feinte.

DIONYS

.

Je ne cause à vos cœurs, ni soupirs, ni douleurs,

Le feu que j'y fais naître a bien peu de chaleur.

Mais las ! Quand cette ardeur en effet serait vraie,

Et que je guérirais de ma première plaie,

Pourrais-je encor ravir à ce parfait ami,

Un bien si précieux, qu'il possède à demi ?

Après tant de serments d'une amour infinie

Auriez-vous tellement sa mémoire bannie,

Et devrais-je espérer un meilleur traitement,

Sachant son infortune, et votre changement ?