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Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.3-1820.djvu/316

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ÉRANTE

.

Il s'est entretenu d'un espoir inutile,

Je n'eus jamais pour lui qu'une amitié civile,

Sa vanité, Monsieur, est sans comparaison,

S'il croit avoir jamais asservi ma raison.

J'ai souffert ses discours, tant que la courtoisie

M'a permis de flatter sa vaine fantaisie,

Mais d'avoir rien promis à sa fidélité,

J'ai plus d'ambition, et moins de charité.

LISIDAN

.

Cette orgueilleuse enfin force ma patience,

Et je ne puis sans honte observer le silence,

Mais ce ris de sa bouche, et de trait de ses yeux

Contient dans le respect mon esprit furieux !

Que de subtilités, que sa bouche a d'adresse,

Parlant elle m'offense, et riant me caresse.

ÉRANTE

.

Est-ce assez consulter ?

DIONYS

.

Je suis tout résolu.

ÉRANTE

.

D'accepter sur mes jours un pouvoir absolu ?

D'oublier Amélie ?

DIONYS

.

Oui, quand les destinées,

Ne voudront plus ourdir le fil de mes années.

Mais possédant encore le bien de la clarté,

Je promettrais en vain d'oublier sa beauté.

ÉRANTE

.

Va, tyran des esprits, barbare, âme de souche

Que mes soupirs soient vains, et que rien ne te touche :