Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.4-1820.djvu/22

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Sans autre changement que celui des saisons ;

Qu'hymen mettant tes fils dans les bras de tes filles

De liens éternels unissent les familles ;

Règne enfin caressée et du ciel et du sort ; [65]

La promesse des dieux doit ce prix à ma mort."

Il rire après ces mots une brillante épée,

Et, se l'étant au sein, jusqu'aux gardes trempée,

Se lance de la tour, le fer encore en main,

Noble victime aux dieux pour le peuple thébain. [70]

À cet objet d'horreur, l’œil troublé, le teint blâme,

J'ai demeuré longtemps plus morte que lui-même;,

Et de frayeur encore tout mon sang est glacé :

Mais vous allez savoir comme tout s'est passé.



Scène III

Jocaste, Ismène, Antigone, Étéocle, Créon, Hémon ; deux capitaines


Eteocle

Madame, tout va mal, et dans cette retraite [75]

La victoire est commune, ou plutôt la défaite :

Le sort est bien égal, il se déclare tard,

Et beaucoup sont à dore et d'une et d'autre part.

Jocaste

Maudite ambition ! Abominable peste !

Monstre altéré de sans, que ton fruit est funeste ! [80]

Eteocle

Sur le désir des miens mon trône se soutient

Je lui cédais l'État, mais l'État ma retient ;

J'étais prêt à quitter le sceptre qu'on lui nie ;