Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.4-1820.djvu/44

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Osez ce qu'ont osé tant d'autres conquérants ;

Tenez tout de vous seul, et rien de vos parents :

Encore en tiendrez-vous ce grand cœur en partage, [600]

Ce cœur qui vous peut faire un si bel héritage,

Qui vous peut au besoin donner un si beau rang

Sans que vous le cherchiez dans votre propre sang.

Polynice

Que Thèbes lui demeure, et que je me retire !

Jocaste

Thèbes, vous le savez, est un fatal empire, [605]

Et son trône est un lieu funeste à son roi :

Les exemples de Laie et d'Oedipe en font foi.

Polynice

Un autre encore bientôt le fera mieux paraître.

Jocaste

Cruel ! De votre frère ?

Polynice

Et de tous deux peut-être.

Jocaste

Quelle obstination. !

Polynice

Quelle infidélité ! [610]

Jocaste

Mais quoi ! Son règne plaît, le vôtre est redouté ;

Il a gagné les cœurs....

Polynice

Et moi, moins populaire,

Je tiens indifférent d'être craint ou de plaire.

Qui règne aimé des siens en est moins absolu ;

Cet amour rompt souvent ce qu'il a résolu ; [615]