Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.4-1820.djvu/71

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Ne mêlent rien d'impur en leurs intentions ;

Au lieu que l'intérêt, la colère et la haine, [1170]

Président bien souvent à la justice humaine,

Et, n'observant amour, devoir et piété,

N'y laissent qu'injustice et qu'inhumanité.

Quoi ! Vous osez aux morts nier la sépulture ?

Eh ! Cette loi naquit avec que la nature. [1175]

Votre règne commence et détruit à la fois,

Par sa première loi, la première des lois.

Ici la faute est juste et la loi criminelle ;

Le prince pèche ici bien plus que le rebelle.

J'offense justement un injuste pouvoir, [1180]

Et ne crains point la mort qui punit le devoir :

La plus cruelle mort ma sera trop humaine,

Je me résous sans peine à la fin de ma peine ;

Elle m'affranchira de votre autorité,

Et ma punition sera ma liberté. [1185]

Ephise

Ô mâle cœur de fille ! Ô vertu non commune,

Qui pour rien ne se rend aux coups de la fortune !

Cléodomas

Ô sexe dangereux ! Étrange dureté !

Du crime et du supplice elle fait vanité.

Créon

On abaisse aisément le cœur d'une sujette [1190]

Sous le propre fardeau du joug qu'elle rejette.

L'orgueil s'assortit mal avec le mauvais sort,

Et tous deux insolents font un mauvais accord.

Quoi ! La rébellion deviendra légitime,

Et pour me mépriser on prisera le crime ? [1195]

À son premier outrage elle en joint un second