Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.5-1820.djvu/198

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Tomber le ministère, en de fidèles mains ;

Élever peu de gens, si haut qu'ils puissent nuire,

Être lent à former, aussi bien qu'à détruire ;

Des bonnes actions, garder le souvenir,

Être prompt à payer, et tardif à punir ; [190]

N'est-ce pas, sur cet art (leur dis-je) et ces maximes,

Que se maintient, le cours des règnes légitimes :

Voilà la vérité, touchant le premier point,

J'apprends, qu'on vous l'a dite, et ne m'en défends point,

LE ROI

Poursuivez.

LADISLAS

À l'égard de l'ardente colère, [195]

Où vous meut, le parti du Duc, et de mon frère ;

Dont l'un est votre coeur, si l'autre est votre bras,

Dont l'un règne, en votre âme, et l'autre en vos états

J'ai haï l'un, il est vrai, cet insolent ministre,

Qui vous est précieux, autant, qu'il m'est sinistre ; [200]

Vaillant, j'en suis d'accord, mais vain, fourbe, flatteur,

Et de votre pouvoir, secret usurpateur ;

Ce Duc, à qui votre âme, à tous autres obscure,

Sans crainte, s'abandonne, et produit toute pure ;

Et qui sous votre nom, beaucoup plus roi que vous [205]

Met, à me desservir, ses plaisirs les plus doux ;

Vous fait mes actions, pleines de tant de vices,

Et me rend, près de vous, tant de mauvais offices ;

Que vos yeux prévenus, ne trouvent plus en moi ?

Rien, qui vous représente, et, qui promette un roi ; [210]

Je feindrais, d'être aveugle, et d'ignorer l'envie,

Dont, en toute rencontre, il vous noircit ma vie ;

S'il ne s'en usurpait, et m'ôtais