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Tous deux différemment altèrent sa mémoire ;
L’un par sa nonchalance, et l’autre par sa gloire.
Maximin, achevant tant de gestes guerriers,
Semble au front de mon père en voler les lauriers ;
Et Constance, souffrant qu’un ennemi l’affronte,
Dessus son même front en imprime la honte.
Ainsi, ni dans son bon, ni dans son mauvais choix,
D’un conseil raisonnable il n’a suivi les lois ;
Et, déterminant tout au gré de son caprice,
N’en prévoit le succès ni craint le préjudice.

CAMILLE.

Vous prenez trop l’alarme, et ce raisonnement
N’est point à votre crainte un juste fondement.
Quand Dioclétien éleva votre mère
Au degré le plus haut que l’univers révère,
Son rang qu’il partageoit n’en devint pas plus bas,
Et l’y faisant monter, il n’en descendit pas ;
Il put concilier son honneur et sa flamme,
Et, choisi par les siens, se choisir une femme.
Quelques associés qui règnent avecque lui,
Il est de ses états le plus solide appui :
S’ils sont les matelots de cette grande flotte,
Il en tient le timon, il en est le pilote,
Et ne les associe à des emplois si hauts
Que pour voir des Césars au rang de ses vassaux.
Voyez comme un fantôme, un songe, une chimère,
Vous fait mal expliquer les mouvemens d’un père,
Et qu’un trouble importun vous naît mal à propos,
D’où doit si justement naître votre repos.

VALÉRIE.

Je ne m’obstine point d’un effort volontaire
Contre tes sentimens en faveur de mon père ;