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Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.5-1820.djvu/215

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CASSANDRE

Savez-vous, si déjà, je ne l'ai point soumise !

LE PRINCE

Oui, le le sais, cruelle, et connais mon rival, [565]

Si j'ai cru que son sort m'était trop inégal,

Pour me persuader, qu'on dût mette en balance,

Le choix de mon amour, ou de son insolence.

CASSANDRE

Votre rang, n'entre pas dedans ses qualités,

Mais son sang, ne doit rien, au sang dont vous sortez, [570]

Ni lui, n'a pas grand lieu de vous porter envie.

LE PRINCE

Insolente, ce mot, lui coûtera la vie ;

Et ce fer en son sang, si noble, et si vanté,

Me va faire raison de votre vanité ;

Violons, violons ; des lois trop respectées, [575]

Ô sagesse, ô raison que j'ai tant consultées !

Ne nous obstinons point à des voeux superflus ;

Laissons mourir l'amour, où l'espoir ne vit plus ;

Allez indigne objet de mon inquiétude,

J'ai trop longtemps souffert, de votre ingratitude ; [580]

Je vous devais connaître, et ne m'engager pas

Aux trompeuses douceurs, de vos cruels appas ;

Où m'étant engagé, n'implorer point votre aide,

Et sans vous demander, vous ravir mon remède ;

Mais, contre son pouvoir, mon coeur a combattu [585]

Je ne me repends pas d'un acte de vertu ;

De vos superbes lois, ma raison dégagée,

A guéri mon amour, et croit l'avoir songée ;

De l'indigne brasier, qui consommait mon coeur,