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Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.5-1820.djvu/219

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Ce mystère, ma soeur, n'est plus une nouvelle,

Et mille observateurs que j'ai commis exprès

Ont si bien vu leurs feux qu'ils ne sont plus secrets. [670]

THÉODORE

Ha !

LE PRINCE

C'est de cette amour que procède ma haine ;

Et non de sa faveur (quoique si souveraine)

Que j'ai sujet de dire, avec confusion

Que presque auprès de lui Le Roi n'a plus de nom ;

Mais puisque j'ai dessein d'oublier cette ingrate, [675]

Il faut en la servant que mon mépris éclate ;

Et pour avec éclat en retirer ma foi,

Je vais de leur hymen solliciter Le Roi ;

Je mettrai de ma main mon rival en ma place,

Et je verrai leur flamme avec autant de glace [680]

Qu'en ma plus violente et plus sensible ardeur,

Cet insensible objet eut pour moi de froideur.


Elle s'en va.



Scène IV

THÉODORE, seule

Ô raison égarée ! Ô raison suspendue,

Jamais trouble pareil t'avait il confondue ?

Sottes présomptions, grandeurs qui nous flattez [685]

Est-il rien de menteur comme vos vanités ?

Le Duc aime Cassandre, et j'étais assez vaine,

Pour réputer mes yeux les auteurs de sa peine.

Et bien plus pour m'en plaindre, et les en accuser,

Estimant sa conquête un heur à mépriser. [690]

Le Duc aime Cassandre, et quoi tant d'apparences,

Tant de subjections, d'honneurs, de déférences,

D'ardeurs, d'attachements, de craintes, de tr