Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.5-1820.djvu/234

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Je veux rendre un service à qui m'a desservi.

Je ne vous retiens plus, conduisez-là mon frère.

Et vous Duc, demeurez.

CASSANDRE, donnant la main à Alexandre.

Ô la noble colère !

Conservez-moi longtemps ce généreux mépris,

Et que bientôt, Seigneur, un trône en soit le prix ! [1020]


Scène V

Le Prince, le Duc.
LE PRINCE, bas.

Dieux ! Avec quel effort et quelle peine extrême

Je consens ce départ qui m'arrache à moi-même,

Et qu'un rude combat m'affranchit de sa loi.

Duc, j'allais pour vous voir, et de la part du roi.

LE DUC

Quelque loi qu'il m'impose elle me sera chère. [1025]

LE PRINCE

Vous savez s'il vous aime, et s'il vous considère :

Il vous fait droit aussi, quand il vous agrandit,

Et sur votre vertu fonde votre crédit.

Cette même vertu, condamnant mon caprice,

Veut qu'en votre faveur je souffre sa justice, [1030]

Et le laisse acquitter à vos derniers exploits

Du prix que sa parole a mis à votre choix.

Usez donc pour ce choix du pouvoir qu'il vous donne,

Venez choisir vos fers, qui sont votre couronne ;

Déclarez-lui l'objet que vous considérez, [1035]

Je ne vous défends plus l'heur où vous aspirez :

Et de votre valeur, verrai la récompense :

Comme sans intérêt, aussi sans répugnance.

LE DUC

Mon espoir avoué par ma témérité,

Du succès de mes voeux autrefois m'a flatté : [1040]