Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.5-1820.djvu/24

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Et faites sa prison le prix de ses conquêtes.
Déjà par ses exploits il avoit mérité
La part que je lui fis de mon autorité ;
Et sa haute vertu, réparant sa naissance,
Lui fit sur mes sujets partager ma puissance.
Aujourd’hui que, pour prix des pertes de son sang,
Je ne puis l’honorer d’un plus illustre rang,
Je lui dois mon sang même ; et, lui donnant ma fille,
Lui fais part de mes droits sur ma propre famille.
(À Maximin.)
Ce présent, Maximin, est encore au-dessous
Du service important que j’ai reçu de vous ;
Mais pour faire vos prix égaux à vos mérites,
La terre trouveroit ses bornes trop petites ;
Et vous avez rendu mon pouvoir impuissant,
Et restreint envers vous ma force en l’accroissant.

MAXIMIN.

La part que vos bontés m’ont fait prendre en l’empire,
N’égale point, seigneur, ces beaux fers où j’aspire.
Tous les arcs triomphans que Rome m’a dressés,
Cèdent à la prison que vous me bâtissez ;
Et de victorieux des bords que l’Inde lave,
J’accepte plus content la qualité d’esclave,
Que dépouillant ce corps vous ne prendrez aux cieux
Le rang par vos vertus acquis entre les dieux ;
Mais oser concevoir cette insolente audace,
Est plutôt mériter son mépris que sa grâce ;
Et quoi qu’ait fait ce bras, il ne m’a point acquis
Ni ces titres fameux, ni ce renom exquis
Qui des extractions effacent la mémoire :
Quant à sa vertu seule il faut devoir sa gloire,
Quelque insigne avantage et quelque illustre rang