Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.5-1820.djvu/244

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Fais retirer mes gens, m'enferme tout le soir, [1215]

Et ne prends plus avis que de mon désespoir ;

Par une fausse porte, enfin, la nuit venue,

Je me dérobe aux miens, et je gagne la rue,

D'où, tout soin, tout respect, tout jugement perdu,

Au palais de Cassandre en même temps rendu, [1220]

L'escalade des murs, gagne une galerie,

Et cherchant un endroit commode à ma furie,

Descends sous l'escalier, et dans l'obscurité

Prépare à tout succès mon courage irrité,

Au nom du Duc, enfin, j'entends ouvrir la porte, [1225]

Et suivant à ce nom la fureur qui m'emporte,

Cours, éteins la lumière, et d'un aveugle effort

De trois coups de poignard blesse le Duc à mort.

THÉODORE, effrayée s'appuyant sur Léonor.

Le Duc ? Qu'entends-je ? Hélas !

LE PRINCE

À cette rude atteinte

Pendant qu'en l'escalier tout le monde est en plainte, [1230]

Lui, m'entendant tomber le poignard, sous ses pas,

S'en saisit, me poursuit, et m'en atteint au bras.

Son âme à cet effort de son corps de sépare,

Il tombe mort.

THÉODORE

Ô rage inhumaine et barbare !

LE PRINCE

Et moi, par cent détours, que je ne connais pas, [1235]

Dans l'horreur de la nuit ayant traîné mes pas ;

Par le sang que je perds mon coeur enfin se glace,

Je tombe, et hors de moi, demeure sur la place ;

Tant qu'Octave passant, s'est donné le souci