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Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.5-1820.djvu/363

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Et vous croyant l'Empire, avecques lui commun,

Vous serez à son règne, un obstacle importun ; [480]

Vous le verrez bientôt, s'il se sent l'avantage,

Éloigner les objets, qui lui feront ombrage ;

Et je puis craindre pis, après que ce matin,

Il eût, sans Mardesane, été mon assassin ;

Et que pour cet effet, il a tiré l'épée. [485]

Cosroës

Ô Dieux ! que dites-vous !

Syra

Il ne m'a point trompée ;

Comme il croit mon crédit, fatal à son espoir,

Il n'a jamais cessé, de choquer mon pouvoir ;

Et pour toute raison, j'ai l'honneur de vous plaire,

Et la haine du fils, naît de l'amour du Père. [490]

Que puis-je attendre, donc, de son autorité ?

Cosroës

Je pourvoirai, Madame, à votre sûreté.

Syra

Élevant Mardesane, à ce degré suprême,

Vous régnerez (Seigneur) en un autre vous-même ;

Sous le gouvernement, qu'il se verra commis, [495]

Et l'État, et le Roi, tout vous sera soumis ;

Et pour votre repos, dont l'intérêt nous touche,

Vos ordres, seulement, passeront par sa bouche ;

Par lui vous régnerez, par vous il régnera,

Et ce seront vos lois qu'il vous dispensera. [500]

Le soin le regardant, la gloire sera nôtre ;

Je connais sa vertu, c'est mon sang, c'est le vôtre,

Dont vos chastes ardeurs, ont honoré ce flanc,

Et que j'ose pleiger, du reste de mon sang.

Cosroës