Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.5-1820.djvu/379

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Il faut que tout périsse, ou ma vengeance, traître, [825]

M'apportera ta tête, et celle de ton maître.

Sardarigue

Le plus faible parti, prendra loi du plus fort ;

Mais de votre prison, il attend le rapport,

Madame, et vous voyez, qu'à mon bras qui balance,

Un reste de respect, défend la violence ; [830]

J'ai peine à vous traiter, avec indignité,

Allons, épargnez-nous, cette nécessité.

Syra

Il n'est pas merveilleux, qu'un sujet infidèle,

Écoute encor la foi, qui tremble, et qui chancelle,

Quand par un détestable, et perfide attentat, [835]

Il veut blesser, en moi, tout le corps de l'État ;

Quand commis de l'État, sa rage se déploie,

Non, contre l'accusé, mais contre qui l'emploie ;

Tu tiens de Syroës, l'ordre de ma prison !

Le perfide a longtemps couvert sa trahison, [840]

Bien séduit des esprits, bien pratiqué des traîtres,

Et longtemps envié, le pouvoir de ses Maîtres,

La brigue d'une ville, et de toute une Cour,

N'est pas l'effort, d'un homme, et l'ouvrage d'un jour.

Tels à qui par pitié, j'ai fait laisser la tête, [845]

Auront dessus la mienne, ému cette tempête ;

Mais si cette vapeur, s'exhale, en éclatant,

Si le sort peut changer, comme il est inconstant !

Les bourreaux laisseront, de cette perfidie

Une si mémorable, et triste tragédie, [850]

Que jamais faction, ne naîtra sans trembler,

Et craindre le revers, qui pourra l'accabler.

Sardarigue