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Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.5-1820.djvu/409

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Généreux, j'aime mieux avouer une offense,

Que timide, et tremblant, parler en ma défense. [1490]

Syroës

Juste, j'ai plus de lieu, de vous faire punir,

Que lâche, d'un affront, perdre le souvenir,

Mardesane

Vous en vengeant, au moins, vous n'aurez pas la gloire,

D'avoir été prié, d'en perdre la mémoire.

Syroës

Vous avez trop de coeur !

Mardesane

Assez, pour faire voir, [1495]

Une grande vertu, dans un grand désespoir.

Syroës

Mais, il se produit tard.

Mardesane

Assez tôt, pour déplaire,

À qui brûlant d'orgueil, voit braver sa colère.

Si vous l'avez pu croire, indigne de mon rang,

Prince, vous faite injure à ceux de votre sang ; [1500]

Heureux, ou malheureux, innocent, ou coupable.

J'ai tous les sentiments, dont vous êtes capable,

Et quand j'espérerais fléchir votre courroux,

J'ai trop de votre orgueil, pour me soumettre à vous ;

L'instant, que j'ai tenu, la puissance suprême, [1505]

Et que j'ai sur ce front senti ce Diadème,

M'a donné, comme à vous, des sentiments de Roi,

Qui ne se peuvent perdre, et mourront avec moi ;

Ayant pu conserver, j'eusse eu peine à vous rendre,