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Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.5-1820.djvu/71

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L’ennui seul que j’emporte, ô généreuse sœur,
Et qui de mon attente altère la douceur,
Est que la loi contraire au Dieu que je professe
Te prive par ma mort du bien que je te laisse,
Et l’acquérant au fisc, ôte à ton noble sang
Le soutien de sa gloire et l’appui de son rang.

NATALIE.

Quoi ! le vol que tu prends vers les célestes plaines
Souffre encor tes regards sur les choses humaines ?
Si dépouillé du monde et si prêt d’en partir,
Tu peux parler en homme et non pas en martyr ?
Qu’un si foible intérêt ne te soit point sensible ;
Tiens au ciel, tiens à Dieu d’une force invincible ;
Conserve-moi ta gloire, et je me puis vanter
D’un trésor précieux que rien ne peut m’ôter.
Une femme possède une richesse extrême,
Qui possède un époux possesseur de Dieu même.
Toi qui de ta doctrine assiste les chrétiens,
Approche, cher Anthisme, et joins tes vœux aux miens.



Scène IV.

ANTHISME, ADRIEN, NATALIE.
ANTHISME.

Un bruit qui par la ville a frappé mon oreille,
De ta conversion m’apprenant la merveille,
Et le noble mépris que tu fais de tes jours,
M’amène à ton combat plutôt qu’à ton secours.
Je sais combien César t’est un noble adversaire ;
Je sais ce qu’un chrétien sait et souffrir et faire