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Page:Jeanne Landre-Echalote et ses amants 1909.djvu/166

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échalote et ses amants

chesse elle-même qui me l’a raconté. J’ajoute avoir tout lieu de la croire, car, que tu en doutes ou non, j’avais été bon pour cette femme et elle m’aimait.

Il est des révélations si inattendues qu’elles vous paralysent. M. Bouci se sentait devenir gâteux. Un instant il réfléchit sur le parti à prendre en de pareils cas, puis, subitement résolu à ne pas laisser un ami de vingt ans dans l’incertitude de sa loyauté, il se risqua à manger un léger morceau de ce qu’on nomme la vérité.

— Elle t’aimait, dis-tu, eh bien, un soir où tu me prias, faute de pouvoir le faire toi-même, de l’accompagner en voiture jusque chez elle, je te prie de croire qu’elle s’y est pris d’une drôle de manière pour me le prouver, qu’elle t’aimait !… Non, vois-tu, mon vieux, entre camarades comme nous, il ne faut pas s’arrêter à ce petit jeu d’écouter les potins des femmes.

M. Plusch qui, au fond, n’avait jamais eu qu’une confiance relative en la fidélité de cette maîtresse, n’insista pas. Seule, Échalote, qui avait à cœur de défendre une corporation dont elle était le seul spécimen dans ce fiacre, crut devoir mettre son grain de sel.

— Vous me faites gondoler, tenez, avec les potins des femmes. Sur quoi jaspinez-vous donc entre vous, si ce n’est sur les absents. Des potins ! mais il n’y a pas plus commères, pas plus débineurs que vous !

M. Plusch tenta de freiner cette belle éloquence :

— Princesse, je vous ferai respectueusement observer que nous ne nous occupons pas de vous.

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