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Page:Jeanne Landre-Echalote et ses amants 1909.djvu/167

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il y a violons et violon

— Alors quand vous dégoisez sur les femmes, je n’ai pas le droit d’en recevoir les éclaboussures ? Qu’est-ce que je suis donc ? une bouse ? une chaussette ?

Elle se dressait, tel un coq en colère, et ne remarquait pas que le cocher, qui avait pris des chemins raccourcis, les déposait place Blanche.

— Zut ! et mon rendez !

— C’est bien pressé ? — insinua M. Plusch qui, encore sous l’impression des aveux de M. Bouci, doutait de tout.

— Viens avec moi si tu tiens à être ridicule, — proposa Échalote.

— Ça n’a jamais été dans mes habitudes et je ne commencerai pas à mon âge. Va à tes affaires, — concéda cet amant modèle, — et, si tu me trompes, fais en sorte de balader tes gigolos ailleurs que dans mon quartier, peuh, peuh. Je ne suis pas despote, mais j’ai horreur qu’on se paie ma tête.

Échalote, qui avait gain de cause, se fit câline. Prenant les joues de M. Plusch à pleines mains, elle se mit à les becqueter sans s’inquiéter des flâneurs qui la regardaient faire :

— Je l’adore, cette grosse figure qui attire la gifle ou le baiser. Ah ! ta mère n’était pas une poire en dépensant quinze cents francs de bougies pour la regarder dormir. Ça, c’est de l’argent bien employé. Pas, mon loulou ?

Elle caressait le crâne, les yeux et les moustaches de son amoureux Mécène.

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