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Page:Jeanne Landre-Echalote et ses amants 1909.djvu/169

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il y a violons et violon

— T’excite pas, — préconisa M. Bouci. — Les petites filles comme ça en remontreraient à tous les professeurs de notre âge.

Cependant Échalote courait toujours et, méditant, malgré cette gymnastique, sur le temps employé à se transformer de chanteuse en promeneuse, se demandait si Victor ne serait pas furieux d’avoir attendu si longtemps.

Comme elle traversait, près de son but, la chaussée du boulevard de Clichy, elle aperçut un rassemblement étrange aux abords de la station du métropolitain. Que se passait-il ? Pourvu qu’il ne soit rien arrivé à Victor ? En quelques bonds elle fut près des curieux. Horreur ! Deux gardiens de la paix, taillés en lutteurs de chez Marseille, d’une main maîtrisaient un jeune homme blond et nerveux et, de l’autre, lui administraient des coups de poing savants, tantôt dans les côtes, tantôt sur la tête. C’était le passage à tabac en règle, et Échalote, la poitrine dans un étau, ne voulait pas encore en croire ses yeux, car, son cœur le lui avait dit : c’était Victor que l’on malmenait, son Victor bien-aimé, son gosse, son blondin aux moustaches en accroche-cœur ! Qu’avait-il fait ? Quel crime avait-il commis ? Poltronne, même dans l’affection, elle n’osait s’approcher. La force armée était une des choses qui la faisaient fuir : tout le monde n’est pas né avec une âme de conquistador et elle eût peut-être vu assassiner sa famille entière sans s’interposer. Chacun sa nature, n’est-ce pas, et l’être humain a ses faiblesses. Elle questionna quelques

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