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Page:Jeanne Landre-Echalote et ses amants 1909.djvu/222

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échalote et ses amants

prunelles de Parisiennes, crânes chauves et tignasses rousses émergeaient du chaos d’habits noirs et de robes claires. Ici un grand-duc russe régalait des écuyères, là un prince de la finance réunissait des théâtreuses, à droite un directeur de journal entraînait ses commanditaires dans l’art de perdre ou de semer des billets de banque, à gauche un Rothschild, plus loin un Vanderbilt, puis, de-ci, de-là, des industriels en bonne fortune, des boursiers, des officiers permissionnaires, des rastaquouères en quête d’aventures, des rats d’hôtel en disponibilité, des femmes classées, d’autres qui ne l’étaient pas, des jeunes fils à papa, des papas en goguette, des aïeuls à conseils judiciaires, des ménages saphiques et des clients d’Adonis’s bar.

Au centre de la salle, une table servait de cible à la plupart des convives. M. Plusch et ses amis, pour leur part, ne la ménageaient pas. Les roses et les lilas n’y échouaient d’ailleurs qu’avec des interjections sympathiques. « À toi, capitaine des cadets de Gascogne ! Attention, roi du duel et de la chronique ! Gare au monocle, seigneur de la haute noce et du talon rouge ! » C’était un trio de fines lames : Guadalquivir, le plus terrible spadassin de notre époque, Brasier d’Acières, l’inamovible directeur de combats et César de Ménilmontant, le toujours jeune reporter, lanceur de beautés inconnues, de potins indiscrets et de mots à l’emporte-pièce. À eux trois ils avaient ressuscité l’allure, l’ardeur, la bravoure et le panache des chevaliers d’antan et, fiers de leur réputation,

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