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« Crééyé, v’là qu’est pas banal, dit Baptiste après avoir observé le point indiqué, si j’me trompe pas, y va avoir de la danse.

En effet, l’ingénieur ne se trompait pas, un transport anglais battant le drapeau du Dominion Canadien et celui de la Croix Rouge fuyait à toute vitesse, poursuivi par un sous-marin allemand.

Le navire anglais avait vu le sous-marin et comme nous venons de le dire fuyait aussi vite que lui en permettaient ses moyens. Comme il transportait au Canada des blessés, il avait arboré le drapeau de la Croix Rouge.

Ô naïveté, comme si tous ne savaient pas que pour la kultur prussienne la Croix Rouge n’est qu’une cible.

« Et alors, quoi qu’on va faire ? demanda Pelquier.

« Va dans le magasin, il nous reste encore deux des bombes que nous avons « chippées » aux bulkoviks russes, on voulait en fare cadeau aux Boches, v’là une bonne occasion, lui répondit l’ingénieur en faisant évoluer l’auto-aérien dans la direction du sous-marin.

Pelquier sans perdre une seconde s’était précipité vers la chambre aux amunitions, et en étant sorti avec deux bombes de joli calibre, il alla se placer à l’avant du Wawaron. Lorsque l’auto-aérien fut à environ dix pieds du sous-marin, dont l’équipage était loin de se douter de ce qui allait lui arriver, il lança une première bombe qui en prenant contact éclata brisant le périscope et en faisant une vaste ouverture dans la coque du vaisseau. Pelquier sans perdre une seconde, lança la seconde bombe dans l’ouverture et celle-ci éclatant fit sombrer le sous-marin qui en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire disparut dans les profondeurs de l’Océan.

Ceci fut fait avec une rapidité extrême, l’équipage et les passagers du navire anglais n’eurent le temps que de pousser un cri que le Wawaron était disparu, mais cependant pas assez vite pour que son nom ne fut vu et par conséquent son identité connue.

À bord du navire anglais se trouvait un des membres du cabinet impérial de Londres, lequel ministre se rendait en Amérique en mission auprès du gouvernement de Washington. Or ce ministre avait déjà vu le Wawaron lors de l’attaque des Boches, et connaissait toute l’histoire des pourparlers du gouvernement anglais.

« Voici un bon point pour ce Wawaron, dit-il à ceux qui l’entouraient, voici la seconde fois qu’il rend service à l’Empire. En arrivant je verrai à ce que ce service soit reconnu.