Page:Jehin - Les aventures extraordinaires de deux canayens, 1918.djvu/102

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
102

« Et pour ce bougre-là on peut bien retourner le dicton et dire : À ce pêcheur misère et corde, n’est-ce pas ? demanda Titoine.

« Mon bon ami, dit Baptiste en riant, quoique tu parles en l’air, ce que tu dis là a ben du bon sens, aussi pour te récompenser d’avoir coulé les Boches, je…

« Arrête la charrette, s’écria, Titoine en reculant, tu vas encore me coller une médaille.

« Non pas, mais quelque chose de plus pratique, de plus digestif enfin, va voir sous le matelas de ma couchette et tu verras.

« Allons voir, dit Pelquier sceptiquement. Il se rendit à la cabine et Baptiste put le voir soulever le matelas, prendre un paquet et pousser un cri après l’avoir ouvert :

« Du tabac !

« Oui, du vrai tabac, dit Baptiste avec un sourire. Je l’avais conservé pour une grande occasion.

« Tu es un vrai empereur, je le crie aux étoiles, j’en prends le soleil et la lune à témoin, et je puis te dire : Majesté, ta Sir est bien bonne.

« Hélas ! il est trop tard, ce trône de l’Espace, je l’abdique ; que celui qui le veut le prenne, pour moi, vois-tu, je le trouve trop en l’air. Je vais retourner auprès des nôtres, là nous suivrons la marche des circonstances et verrons ce que l’avenir nous réserve.

« Alors nous retournons cheu nous, s’écria Titoine Pelquier avec enthousiasme.

« Oui, cheu nous, nous offrirons nos services à la patrie, comme tous bons citoyens doivent le faire, lui dit Courtemanche. Le Wawaron, devenu un monument national, rendra des services de premier ordre. Et quant à nous, nous aurons fait notre devoir.

« Ça y est, s’écria Pelquier, faisons notre devoir et prouvons à l’humanité toute entière que si les Canayens ont du poil aux pattes, ils en ont pas dans la paume des mains.

« Allons, dit Courtemanche en prenant le gouvernail, piquons sur le Golfe St-Laurent, et en allant bonne allure nous y serons demain au petit jour.

En effet, le lendemain matin, l’auto-aérien planait au-dessus du Golfe St-Laurent. Ils avaient laissé en arrière Terre-Neuve et l’Île d’Anticosti, et maintenant ils étaient à même de dis-