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tinguer parfaitement les côtes du Labrador et les moindres détails du magnifique panorama qui se déroulait au-dessous d’eux.

Le grand fleuve du Canada conserve son individualité depuis ses sources jusqu’au moment où dans sa majestueuse grandeur il se jette dans l’Océan.

La suite de ses grands lacs, véritables mers intérieures, présente un spectacle grandiose unique au monde. Le Niagara, lui seul, est tout un poème, et aucune plume ne saurait avec justesse en décrire la beauté. Ses îles sans nombre et les tributaires formidables qui en augmentent encore la magnificence à un tel point que le regard ne peut s’en lasser, et l’esprit se demande si cela est bien réel, si l’on n’est pas le jouet d’une fantastique illusion.

L’entrée du St-Laurent est superbe, grandiose et laisse à celui qui l’a vu une impression sévère de majestueuse grandeur. Ses falaises surmontées de forêts immenses, véritables remparts de roc qui semblent garder les secrets des sauvages régions qui se trouvent au-delà.

En remontant le fleuve et déjà à l’Île d’Orléans, la nature semble préparer le voyageur aux beautés qui vont lui être données d’admirer.

Alors le fleuve s’élargit graduellement et devient si large qu’arrivé à un certain point il est impossible même par un temps très clair d’apercevoir les rives opposées. La falaise, mur énorme, se continue d’une façon pour ainsi dire ininterrompue çà et là que par des baies superbes et des formidables promontoires.

Baptiste Courtemanche et Titoine Pelquier regardaient tout cela avec une religieuse admiration.

« C’est tout de même bougrement beau cheu nous, dit Pelquier, on est fier d’être Canayen quand on voit tout cela.

« Tu es dans le vrai, lui répondit Courtemanche, et on n’a pas le droit de nous taxer de chauvinisme lorsque nous sentons les beautés de notre pays. Que ceux qui doutent viennent le voir et alors ils ne s’étonneront plus de notre admiration et ils constateront par eux-mêmes que notre enthousiasme est légitime et bien fondé. À moins d’être aveugle, on ne peut nier que peu de pays sont plus beaux que le nôtre.

« Et ce n’est pas seulement cela, ajouta Pelquier. Certes nous devons être fiers et remercier le Créateur de toutes choses des dons qu’Il a prodigués à notre pays, mais si on considère ces villes, ces campagnes riches et fertiles, ces champs labourés et fé-