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n’y avait aucun chemin qu’ils eussent pu suivre.

Ils marchaient ainsi depuis plus de deux heures et étaient parvenus à la grève lorsque le ciel brusquement s’assombrit.

« Il semble que nous allons avoir de l’orage, c’est singulier lorsque nous avons quitté le Wawaron rien ne le faisait prévoir.

« Eh ! oui, même que le ciel prend une couleur que j’ai déjà observée dans les Montagnes Rocheuses, dit Baptiste d’un air inquiet, je crois que nous allons avoir une lavasse pas ordinaire, si non un ouragan.

« Le Wawaron est-il en sûreté ? demanda Titoine. Les câbles sont-ils assez solides pour résister à la force du vent ?

« C’était à espérer, répondit Courtemanche, allons au bout de ce promontoire et de là nous pourrons voir le Cap Éternité et l’endroit où nous avons laissé le Wawaron.

Nos amis prirent leur course, mais ils avançaient avec difficulté. Le vent augmentait en force, l’orage devint tempête, la tempête ouragan, il faisait si noir que le ciel obscurci ne permettait qu’avec peine à la lumière d’éclairer leur marche.

Soudain ils entendirent un bruit étrange, grandissant, comme celui que produirait un chariot monstre roulant sur des cailloux. Les arbres plièrent, craquèrent, et les deux amis ne pouvant se tenir debout se jetèrent à plat ventre.

« C’est une trombe, cria Baptiste avec terreur, une trombe, vois… vois… là…

Dans les airs mille objets passaient au-dessus de leur tête avec une vitesse vertigineuse. Tout à coup un objet noir énorme traversa l’espace et deux cris déchirants, étouffés par les bruits terribles, retentit : « Le Wawaron ! »

Puis tout se perdit, le vent tomba en quelques minutes et le ciel redevint serein comme si rien n’eut arrivé.

Baptiste Courtemanche et Titoine Pelquier se regardaient hébétés et sans même se dire un mot prirent leurs jambes et sans se soucier de leurs fardeaux coururent vers l’endroit où ils avaient laissé le Wawaron.

De l’auto-aérien ils ne trouvèrent que les entraves brisées, du Wawaron plus rien, il avait été balayé au loin par la force de la tempête.

« Tout est perdu, s’écria Baptiste avec désespoir, adieu nos espérances, la fortune, la gloire, il ne nous reste plus qu’à aller cacher notre honte et notre chagrin.

« Et pourquoi, lui répondit Titoine Pelquier, il est vrai qu’a-