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que ces deux hommes qu’elle prenait pour d’ordinaires voyageurs étaient ceux qui depuis longtemps avaient été le sujet de toutes les conversations.

Arrivés à Québec, ils descendirent dans un modeste hôtel, se firent raser, tailler barbe et cheveux et s’achetèrent des vêtements plus en rapport avec la position sociale qu’ils désiraient occuper.

Ils ne télégraphièrent pas à Duval, préférant le surprendre, et à cet effet prirent le train pour St-Barthélemy.

Philias Duval depuis près d’un mois était dans son île de la Barbotte Amoureuse où après avoir fait construire une habitation plus convenable il dirigeait les travaux d’un quai pour le yacht qu’il venait d’acheter.

Il était donc occupé à donner des instructions à ses ouvriers lorsque la chaloupe conduisant nos héros accosta à deux pas de lui.

En les reconnaissant, l’entrepreneur laissa tomber un marteau qu’il tenait à la main et ne trouva à leur crier que : Pas possible !

Mais il lui fallut se rendre à l’évidence lorsqu’il entendit la voix familière de Baptiste Courtemanche qui lui dit :

« C’est ben de même, nous v’là, lui dit l’ex-empereur en lui tendant la main.

« Vous v’là ! dit Duval d’un air hébété, d’éiousque vous sortez… et l’Wawaron !

« L’Wawaron, répondit Pelquier avec son plus gracieux sourire, c’t’histouère, mais il est à l’eau.

« À l’eau ! l’Wawaron à l’eau ! vous n’y pensez pas ! s’écria Philias estomaqué.

« Eh ben, répondit Titoine toujours souriant, quoi que vous trouvez d’emplissant d’vouère un Wawaron à l’eau, c’est son état que je sache.

« Non, là, vrai, Pelquier, tu veux m’emplir, s’écria Duval stupéfait.

« Non, ami Duval, Pelquier ne te blague pas, lui dit Courtemanche c’est la vérité vraie, viens je vais te raconter toute notre histoire.

Duval les conduisit à sa maison, leur servit un verre de whiskey que nos amis dégustèrent avec délice, et lorsqu’il furent confortablement assis l’ingénieur commença son récit. Sans rien omettre il lui fit la narration de tout ce que les lecteurs con-