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naissent, enfin ce qui s’était passé depuis leur dernière entrevue.

Philias Duval écoutait tout à la fois ravi et stupéfait, ne sachant d’abord quoi dire, puis enfin se levant :

« Le principal est que vous soyez de retour en vie, bien portant, leur dit Duval, qu’importe le Wawaron et tous les empires fussent-ils même dans l’Espace, rien n’est perdu et avec du courage tout s’arrangera.

« D’autant plus que nous ne sommes pas à sec, ajouta Pelquier, nous avons de l’argent sans compter le montant que nous vous avons laissé.

« Parfaitement, et même que ce montant, ajouta Duval avec orgueil, je l’ai fait fructifier, j’ai spéculé à coup sûr et aujourd’hui je suis heureux de vous dire que je dispose pour notre association d’un capital qui nous met tous à l’aise jusqu’à la fin de nos jours.

« Cela est bien beau, mais le public, le gouvernement, que va-t-on penser de nous ? demanda Titoine Pelquier avec inquiétude.

« Oui, non seulement que vont-ils penser, mais aussi quelle conduite tiendront-ils à notre égard ? ajouta Courtemanche.

« C’est ce qu’il va falloir savoir, dit Philias Duval, mais je vais prendre ce soir même le train pour Montréal, j’irai à Ottawa si nécessaire, je scruterai le terrain, préparerai les esprits.

« Voilà ce qui s’appelle parler en monsieur, dit Pelquier, allez-y sans perdre de temps.

Après s’être préparé, avoir donné à ses amis plein pouvoir de rester sur l’île et leur avoir procuré le nécessaire, Duval partit pour St-Barthélemy et de là pour Montréal.

Si Philias n’était pas un homme instruit comme il le disait, il avait pour lui deux excellentes qualités : il était bon financier et débrouillard en affaires.

En arrivant à Montréal, il se rendit à son nouveau bureau de la Place d’Armes où son clerc lui montra triomphalement les éditions des journaux publiés dans les derniers jours. Il y lut des articles sensationnels relatifs aux exploits du Wawaron, la lutte homérique contre le sous-marin boche et la triomphante victoire qui avait sauvé le navire anglais.

En plus, les « extras » disaient que les gouvernements alliés étaient prêts à traiter d’égal à égal avec l’Empereur de l’Espace et lui donnaient toutes les latitudes voulues.