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près son escapade elle s’en était allée calmer son tempérament dans la solitude humide et froide de la cellule d’un couvent.

« Si au moins je le revoyais, disait-elle, si je pouvais lui expliquer, lui ouvrir mon âme, il n’est pas douteux que son cœur me comprendrait, me pardonnerait sans doute.

L’épouse volage n’était pas seule à attendre le jour du rendez-vous, il y avait aussi les avocats des créanciers qui prirent immédiatement des précautions légales et munirent une légion de huissiers de brefs et capias.

Il résulta de tout ce manège que les esprits s’en émurent et que « l’avis important » fut le sujet de toutes les conversations

Lorsque l’article fut publié et qu’il jugea le public bien préparé, Philias Duval télégraphia à nos amis une dépêche laconique pour leur indiquer que tout marchait selon ce qui avait été convenu.

Baptiste Courtemanche et Titoine Pelquier ne se faisaient pas illusion, ils savaient fort bien qu’ils allaient jouer une grande partie et que la réalisation de leurs projets dépendait de son succès.

Le lecteur pourrait trouver étrange que nos héros n’aient pas plus tôt offert leurs services à la France, aux États-Unis, voire même au gouvernement anglais, que de passer pour ainsi dire par l’entremise de celui du Canada.

Ils croyaient avoir pour cela une raison, et nous allons voir par la suite de quelle nature cette raison était.

« Il n’y a pas « mèche » de « berlinguer », ils vont tous savoir que Baptiste 1er et le duc de Ste-Cunégonde, fit remarquer Pelquier, sont deux Canayens, que l’Empire de l’Espace ce sont eux qui en ont eu l’idée. Mais comment vont-ils prendre cela ?

Pelquier n’avait pas tort de penser ainsi, et cependant ils étaient loin de se douter qu’à Montréal l’histoire du Champ de Mars causait toute une sensation, que d’abord cela avait été un colossal éclat de rire et que tout le monde par curiosité se proposait d’assister au fameux rendez-vous.

Toutes les fenêtres donnant sur le Champ de Mars furent louées à l’avance, on construisit même des estrades sur les toits, tout se loua à prix d’or, même que le conseil décida de louer les fenêtres de l’hôtel-de-ville, simple histoire d’emmener un peu de « pognon » dans l’urne municipale.