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L’Espace est grand, et Sa Majesté, quoiqu’ayant un grand amour pour son Empire, avait — chose étrange pour un aéronaute — horreur du vide.

Il leur fallut donc recommencer leur vie vagabonde, restant la majeure partie du temps dans les sphères élevées, et ne descendant à terre qu’à des heures propices et dans des endroits déserts.

Il n’y avait pas d’illusion à se faire, en dehors de l’Empire de l’Espace il n’existait aucun endroit où, diplomatiquement parlant, ils pouvaient atterrir. Il y avait bien les nations neutres, mais il restait à savoir comment ils y seraient reçus.

Ils étaient tenus à rester à une distance de trois milles, c’est-à-dire à une telle hauteur que l’existence n’y est pas possible. Et comment pouvoir ainsi se procurer des provisions et établir des relations commerciales ?

Nos amis voyaient bien que la chose ne pouvait durer et qu’il faudrait tôt ou tard en arriver à une conclusion.

Mais laquelle ?

En réalité il ne leur restait que trois alternatives :

1o Trouver un État neutre susceptible d’accepter des relations amicales.

2o Accéder aux exigences des Alliés.

3o Renouer les relations diplomatiques avec les Boches.

Courtemanche ouvrit la carte du monde et nos amis se mirent à réfléchir.

L’Europe, il n’y avait même pas à y songer.

L’Asie, pas davantage.

L’Océanie, à moins de tomber sur des anthropophages, il n’y avait pas mèche.

L’Afrique, peut-être que les rois nègres… mais ils savaient que ces derniers sont eux-mêmes sous protectorat.

Il restait l’Amérique, non celle du Nord, mais les républiques du Sud.

Mais laquelle ? se demandait Courtemanche en se grattant le crâne.

Titoine Pelquier l’observait et frappant son ami sur l’épaule, il lui dit :

« Si on prenait un coup, p’t’ête ben qu’ça ouvrirait les idées.

« Emmène-le, l’maudit coup, et voyons par éiousqu’on pourrait ben commencer, répondit Baptiste d’un air ennuyé.

« D’abord, continua-t-il après avoir absorbé le contenu de