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son verre, est-ce que les peuples des républiques sud-américaines sont aussi en faveur des Alliés qu’on veut le faire croire ? Je me suis laissé dire — et il y a une escousse de cela — que les Boches s’étaient établis de bons nids dans l’Amérique du Sud. Cette vermine-là, vois-tu, ami Pelquier, ça s’introduit un peu partout éiousqu’il y a de l’argent à faire. Il n’y a pas à dire, ils ont pour le commerce un certain talent, ils sont hypocrites, persuasifs, insinuants et ne craignant pas de ramper pour mieux arriver. Petit à petit ils s’étendent, comme une tache d’huile, prolifiques ils augmentent insidieusement et lorsque l’on s’aperçoit du danger et que l’on songe à s’en débarrasser, il est parfois trop tard. Ils savent profiter de tout, surtout de l’ignorance des peuples avec lesquels ils ont affaire. Dans l’Amérique du Sud ils ont beau jeu de ce côté-là, il leur est facile de faire briller le miroir aux alouettes qui leur mettra ces peuples à leur merci.

« Essayons tout de même, répondit Pelquier, s’il y a des ignorants il y a aussi des gens éclairés qui ne doivent pas se laisser emberlicotter comme des enfants.

De toute façon, nous n’avons rien à perdre.

« Allons-y, fit Baptiste, de toute façon nous n’avons rien à perdre.

Comme les lecteurs le savent sans doute, les républiques sud-américaines vivent dans un état de paix relatif. Les ministères s’y tiennent souvent par des prodiges d’équilibre, et ces pays pourtant si beaux et si riches, favorisés par les dons les plus magnifiques que la nature puisse prodiguer, se méfient constamment les uns des autres.

Pour les Boches, cet état de choses donne un vaste champ