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d’exploitation et le machiavélisme qui est leur fort y trouve un terrain tout préparé, ils n’ont qu’à semer pour récolter.

L’espionnage prussien existe là comme ailleurs, éclairé, très renseigné, il voit d’avance le bénéfice qu’il peut tirer des moindres circonstances.

Dans l’Amérique du Sud comme ailleurs, on avait entendu parler du bolide, on l’avait vu, les journaux en avaient parlé, mais l’histoire du Wawaron était moins connue. Les agences allemandes, très au courant de toutes choses et se doutant que l’auto-aérien ne manquerait pas de visiter cette partie du monde, crurent devoir en profiter pour lancer la fausse nouvelle qu’un dirigeable ennemi était à la veille de venir et était animé des intentions les plus belliqueuses.

Ces bonnes gens tombèrent dans le panneau, les esprits s’émurent à un tel point que les autorités civiles et militaires crurent devoir se mettre sur leurs gardes.

Il s’en suivit que lorsque le Wawaron se présenta il fut salué à coups de canon. Et nos braves amis qui se présentaient confiants, le cœur plein des plus douces espérances, durent s’enfuir à toute vitesse vers des pays plus paisibles.

Décidément il n’y avait pas lieu d’être satisfait.

Courtemanche était rêveur. Quant à Titoine, duc de Ste-Cunégonde, il était loin d’être content.

« Les p’tites pétaques, c’t’année, elles sont pas grosses, on était encore mieux reçu lorsqu’on voyageait incognito, fit-il remarquer.

L’Empereur de l’Espace haussa les épaules et jetant sur son ministre un regard qui voulait en dire long, il murmura :

« J’cré ben qu’icitte on est dans la melasse.

« Eh ben alors, quoiqu’on va faire ? s’écria le duc avec rage, on n’est pas pour rester de même, les provisions s’épuisent, il y a presque plus de p’tit blanc ni de tabac, et ça commence à me chiffonner la patience que d’avoir comme toute distraction de traverser des nuages et compter les étoiles.

« J’t’avoue en toute sincérité que je me demande, répliqua Courtemanche, comment nous allons sortir de tout ceci.

« Pourquoi n’accepterions-nous pas de marcher avec les gens de Londres, ils nous mangeront pas, fit remarquer Titoine.

« Pour ça, non, j’en suis certain, répondit Baptiste, mais vois-tu, Pelquier, il y a un danger.

« Et lequel ? fit le duc intrigué.