Page:Jehin - Les aventures extraordinaires de deux canayens, 1918.djvu/93

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
93

« C’est que les Anglais possédant déjà une bonne partie du globe terrestre, n’aient envie de nous annexer, dit Courtemanche le plus sérieusement du monde.

« Bah ! t’as raison, répondit Titoine, je me suis laissé dire qu’il était bon de songer au ciel, p’t’être ben qu’ils sont de c’t’avis-là.

« Parfaitement, répliqua Baptiste, le ciel de l’autre monde mais pas celui d’icitte. Et puis, après tout, qu’il essaye de le prendre, ils ne sauront le garder. Ils ont tous vu le « Wawaron », et sont sans doute sous l’impression que la flotte de l’Espace est formidable. Laissons-les sous cette impression, ami Pelquier, voyons ce que les circonstances vont nous donner. Jusqu’aujourd’hui nous avons le plus beau jeu. Faisons comme les gouvernements, mon cher, de la diplomatie, voilà tout.

« Mais nous n’avons pas d’ambassadeur, ni de ministre plénipotentiaire, fit remarquer Titoine.

« Tant mieux, mon cher, les affaires n’en iront que plus facilement, il n’y aura personne pour embrouiller les choses, répondit gravement Baptiste Courtemanche.


XII

DIPLOMATIE AÉRIENNE.

Il ne faut pas croire qu’il n’est que dans l’Empire de l’Espace que l’on ait fait de la diplomatie en l’air. Bien des gouvernements n’en ont jamais fait autrement et dans des situations bien moins scabreuses que celle dans laquelle nos amis se trouvaient.

Que faire ?

Que le lecteur se place pour un moment à la place de Baptiste Courtemanche. Certes s’il avait l’avantage d’être Empereur d’un Empire illimité, cet avantage, si avantage il y a, existant dans des circonstances peut-être uniques dans l’histoire des peuples.

Figurez-vous un souverain n’ayant pas de conseil des ministres à renouveler, des chambres à dissoudre, de discours du trône à prononcer, de taxes à imposer, des lois à promulguer et à faire observer, des tarifs et des impôts à faire payer, une armée à entretenir, des colonies à protéger et, oh ! comble des jouissances, pas de finances à équilibrer.

Certes tout cela c’était bien beau, trop beau même, et mal-