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interpellation qui faillit avoir de graves conséquences. Philias Duval dut se réfugier dans son île de la Barbotte Amoureuse où il attendit que l’orage passa.

Alors il se passa dans la vieille Europe des choses qui passèrent peut-être inaperçues du gros public mais qui donnèrent à réfléchir aux autorités.

Voici quelques-uns de ces phénomènes que nous prenons au hasard parmi ceux qui furent signalés :

Les fils électriques placés par les Allemands sur la frontière belge-hollandaise furent coupés en maints endroits par des mains inconnues, ceci aussi mystérieusement qu’inexplicable. Des milliers de Belges purent ainsi chercher refuge en Hollande.

Une station de munitions fit explosion dans les environs d’Aix-la-Chapelle, détruisant un important dépôt de l’armée allemande.

Un vaste entrepôt des environs de Vienne, contenant de grandes quantités de blé, fut complètement détruit par un incendie dont l’origine ne put être connue.

Deux des grands canons allemands bombardant Paris furent mis hors d’usage d’une manière si mystérieuse que l’état-major prussien en resta tout baba. Puis ce fut l’amiral von Tirpitz qui se demanda comment il se faisait que ses sous-marins disparaissaient d’une façon prodigieuse.

Au premier abord on pourrait se demander ce que tout ceci pouvait bien avoir affaire avec l’histoire du Wawaron, mais lorsque l’on prend en considération que ni les Boches ni les Alliés pouvaient s’expliquer ces mystérieux événements, on est tout prêt à être convaincu que Baptiste Courtemanche et Titoine Pelquier ne devaient pas y être étrangers.

Les puissances belligérantes y perdaient leur latin et personne n’y comprenait rien.

Berlin cependant devait la trouver mauvaise lorsque l’introuvable « Libre Belgique » fit déposer suivant son habitude un exemplaire du journal sur le secrétaire du Gouverneur-Général à Bruxelles.

Ce journal « La Libre Belgique » restera dans l’histoire du journalisme comme un des étendards de la résistance à l’oppression. Tout ce que le militarisme prussien a pu faire pour l’anéantir a toujours échoué et lorsque le gouverneur allemand le croyait anéanti il renaissait le lendemain plus vivace que jamais.

Or ce matin-là le journal contenait l’article suivant :