Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 1, 1877.djvu/572

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s’agit, au contraire, d’une traduction faite sur l’hébreu, chacun peut éprouver une pénible surprise et soupçonner le faux dans l’inconnu ; ce ne sera qu’à, grand’ peine, ou même jamais, qu’on pourra consulter le texte primitif pour résoudre une objection. Y parviendrait-on d’ailleurs, qu’on ne se résignerait pas volontiers à voir condamner taiit d’autorités grecques et latines. Ajoutez à cela que les Hébreux consultés peuvent répondre autre chose, et vous serez alors le seul homme nécessaire pour lutter contre leur opinion ; puis, qui jugera le débat, c’est ici que la difficulté redouble.

5. Un évêque, notre frère, ayant établi qu’on lirait votre version dans son église, un passage se présenta, dans le prophète Jonas IV, 6., qui différait essentiellement de celui qui était gravé dans l’intelligence et la mémoire de tous, et qu’on redisait depuis tant de siècles ; il se fit alors un tel tumulte parmi les auditeurs, les Grecs étant là surtout pour envenimer la question et glisser l’accusation de fausseté, que l’évêque fut obligé, se trouvant dans une cité romaine, d’en appeler au témoignage des Juifs. Soit ignorance, soit malice, ces derniers répondirent que le texte hébreu portait le même sens que tenaient les Grecs et les Latins. Que dirai-je de plus ? notre homme se vit forcé de corriger le passage comme si c’était une erreur, ne voulant pas, après une crise aussi dangereuse, être abandonné par son peuple. Il nous semble aussi que vous avez pu vous-même vous tromper sur certains points. Voyez donc ce qu’il en est dans des lettres où les corrections ne peuvent pas se faire au moyen de langues usitées.

6. Nous rendons par conséquent à Dieu de vives actions de grâces du travail que vous avez accompli en traduisant l’Évangile du grec en latin ; car nous n’avons rencontré là presque rien qui nous ait choqué, quand nous avons conféré les deux versions. Nous en concluons que, si quelqu’un s’avisait de ramener une vieille erreur, il serait facile de l’éclairer ou de le réfuter en mettant les deux textes ensemble sous ses yeux. Alors même que par extraordinaire on soulèverait une difficulté réelle, qui serait assez exigeant pour ne point passer là-dessus dans une œuvre aussi considérable, et qu’on ne peut pas récompenser par un simple tribut d’éloges ? Vous devriez nous exposer votre opinion sur les nombreuses différences qui se remarquent entre les exemplaires hébreux et la version grecque qu’on appelle des Septante. Ce n’est pas une légère autorité que celle d’une version devenue si célèbre, et dont les apôtres se sont servis, comme on le voit par de nombreux exemples, et comme vous l’avez vous-même attesté, je m’en souviens. Vous rendrez un grand service à l’Église