Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 8, 1879.djvu/490

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quand il les comparait aux fruits mûrs de sa vieillesse, combien plus suis-je en, droit de distinguer entre les préludes de l’enfance et les travaux d’un âge avancé ? Dans ses livres contre Marcion, Tertullien exprime le même sentiment, comme Origène dans son explication du Cantique des cantiques, et Quintilien dans son traité de l’institution oratoire. Il résulte clairement de là que chaque âge a sa perfection relative et que, dans son jugement, il faut tenir compte du nombre des années. Mais il est temps d’aborder l’exode d’Abdias et de passer, avec le secours de vos prières, puisque ce volume vous est dédié, la mer furieuse et les tourbillons impétueux du siècle.

COMMENCEMENT DU LIVRE.

« Vision d’Abdias. » Les Hébreux prétendent que ce Prophète est celui qui, sous Achas, roi de Samarie et la sacrilège Jésabel, nourrit cent autres Prophètes réfugiés dans les grottes et qui n’avaient pas ployé le genou devant l’idole de Baal, au nombre de ces sept milles fidèles qu’Élie aurait méconnus, toujours selon l’opinion des Hébreux. Le tombeau d’Abdias est encore honoré dans notre époque, avec le mausolée du prophète Élisée et celui de Jean-Baptiste, dans la ville de Sébaste, l’ancienne Samarie. Hérode, roi de Judée et fils d’Antipater, lui donna ce nom en l’honneur de César-Auguste, traduisant en grec ce dernier mot. C’est parce qu’il avait nourri cent Prophètes qu’il reçut le don de prophétie ; de chef d’armée, il devint chef d’Église. Il avait d’abord alimenté un petit troupeau dans la Samarie : maintenant, il alimente les églises du Christ dans l’univers entier ; et, de même que, dans les Actes des Apôtres, le nom d’Étienne le couronne de son propre martyre, de même son nom nous manifeste en lui le serviteur de Dieu. Ce qu’il voit, concernant l’Idumée, n’est plus un fardeau, un poids accablant, conforme à ce que nous avons établi par rapport au prophète Nahum ; et voici pour quelle raison : Edom ou Esaü n’est pas rangé parmi les nations étrangères, Esaü étant fils d’Isaac et frère de Jacob. Aussi sa terre n’est-elle pas livrée au pouvoir d’Israël, et celui-ci n’a-t-il pas le droit de l’attaquer ; il lui est défendu de s’armer contre son frère. On pourrait dire encore que cette vision ne regarde pas l’Idumée, ce qui serait l’objet d’une question, si c’était écrit ; c’est la vision d’Abdias, c’est-à-dire « du serviteur de