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Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 8, 1879.djvu/491

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Dieu ; » elle regarde les nations auxquelles le Seigneur envoie son ministre. Il leur dit : « Levez-vous et marchons au combat contre elle. » La description de l’Idumée est l’objet de la vision de Nahum. On nous demandera peut-être pourquoi, ce titre étant posé, « Vision d’Abdias », il n’est rien dit ensuite de ce que le Prophète a vu, tandis que nous lisons dans Isaïe : « J’ai vu le Seigneur Sabahot assis sur un trône élevé et sublime ;» Isa. 6, 1 ; et dans Ézéchiel : « Les cieux se sont ouverts, et j’ai vu les visions de Dieu ; » puis aussitôt : « J’ai vu, et le souffle de la tempête venait de l’Aquilon avec un grand nuage, et la splendeur enveloppait ce nuage », Eze. 50, 1 et seqq. Dans la vision d’Abdias, on lit immédiatement : « Voici ce que le Seigneur dit à Edom ; » et encore : « Je t’ai placé comme un petit enfant au milieu des nations. » Il prend exemple du Deutéronome, où se voient plutôt les paroles que les faits. « Veille sur toi et garde courageusement ton âme, de peur que tu n’oublies les discours que tes yeux ont vus. » Deu. 4, 9. Jean dit aussi : « Ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons perçu, ce que nos mains ont palpé concernant le Verbe de vie. » 1Jn. 1, 1. Moïse avait de même dit qu’il voyait la voix du Seigneur, quand elle lui parlait. Exo. 20.

Si donc après l’annonce de la vision viennent de simples paroles, si les yeux de l’âme voient ce que les oreilles du corps ont coutume d’entendre, c’est à bon droit que le voyant adopte ce titre de vision ; car les Prophètes étaient jadis appelés voyants. « Voici que le Seigneur dit à Edom. » C’est ici un petit prophète par le nombre de versets, mais non par la grandeur des pensées. Ainsi, dans les trois volumes de Salomon, le Cantique des cantiques est d’autant plus difficile qu’il est plus bref. Nous avons exprimé déjà combien renferme de sens l’épître à Philémon. Le texte évangélique n’est lui-même que le discours abrégé, quand on le compare au vaste développement de la loi. De même ici le Prophète, serviteur de Dieu dans l’ordre d’Abraham, d’Isaac, de Jacob, de Moïse, de la parole même du Christ, entend et voit des choses dignes de sa fonction prophétique. Beaucoup, se rapportant à l’étymologie de son nom, pensent que celui-là est le serviteur de Dieu à qui Dieu lui-même dit dans Isaïe : « C’est une grande chose pour toi d’être appelé mon serviteur ; » Isa. 44, 6, d’après les Septante ; lui qui s’est anéanti jusqu’à prendre la forme d’un serviteur. Phi. 2, 1 seqq. Mais, si nous l’entendons de cette manière, il nous faudra chercher un autre envoyé qui se rende auprès des nations. En nous attachant à la signification tropologique, nous perdons la plus manifeste des prophéties. Nous avons donc à trouver quel est cet Edom, quelle est cette Idumée, à qui le Seigneur parle maintenant par Abdias. Nous voyons clairement dans la Genèse qu’Esaü, fils d’Isaac, reçut le nom d’Edom, parce