Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 8, 1879.djvu/492

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qu’il vendit son droit d’aînesse pour un plat de rousses lentilles ; Gen. 25, 1 ss ; Edom signifie roux ou couleur de feu. Dans le même livre, il est écrit qu’il fut encore appelé Séir, ce qui veut dire velu ; car il était couvert de poil et n’avait pas la peau douce de Jacob. Il est donc désigné par trois différents noms, Esaü, Edom, Séir ; il posséda cette région qu’on appelle aujourd’hui terre de Gébal, sur les confins de la cité libre, primitivement habitée par les Horréens, ou hommes libres, d’après la signification de leur nom, qui resta dans la suite à cette même cité. Edom, comme les Hébreux l’appellent, ou l’Idumée, selon l’expression des Grecs, est aujourd’hui un petit bourg de la Palestine qui garde le nom de son fondateur, et l’histoire latine en fait mention, aussi bien que l’histoire grecque. C’est à lui que Dieu parle ainsi par Amos : « À cause des trois crimes d’Edom, et même à cause de quatre, je ne le convertirai pas ; il a frappé son frère avec le glaive, abusé de sa douceur, dépassé les bornes de la colère et gardé son ressentiment jusqu’à la fin. » Amo. 1, 11 et seqq. Nous lisons également dans Isaïe, selon le texte hébreu : « Le fardeau de Duma crie vers moi de Séir : Sentinelle, que se passe-t-il dans la nuit ; sentinelle, que se passe-t-il dans la nuit ? » Isa. 21, 11. Jérémie, à son tour, concorde avec cette prophétie : « N’existe-t-il plus de sagesse dans Théman ? » Jer. 49, 7 ; et la suite jusqu’au dernier verset, où il est dit : « Et le cœur des forts de l’Idumée sera dans ce jour comme le cœur d’une femme dans le travail de l’enfantement. » À part l’ordre, qui se trouve changé, et d’autres différences apparentes, la majeure partie d’Abdias est contenue dans le volume de Jérémie. Voilà les montagnes de Séir contre lesquelles se corroborait la face d’Ézéchiel et dont il est dit : « Je rendrai la montagne de Séir déserte et désolée ; » et un peu plus loin : « Tu seras dispersée, montagne de Séir, et l’Idumée tout entière. »

Il serait trop long de remuer toutes les Écritures et de citer les passages qui se rapportent aux montagnes de Séir. Malachie surtout y revient incessamment, et déjà dès le début : « Esaü n’était-il pas le frère de Jacob ? dit le Seigneur ; j’ai aimé Jacob, j’ai pris en aversion Esaü ; j’ai livré ses montagnes à la solitude et son héritage aux dragons du désert. Si l’Idumée dit : Nous avons subi la destruction, mais nous reviendrons et nous relèverons nos ruines, voici ce que répond le Seigneur des armées : Eux, édifieront, et moi je détruirai ; on les appellera les frontières de l’impiété, un peuple contre lequelle Seigneur est à jamais irrité. » Mal. 1, 2 et seqq. Ayant donc appris que l’Idumée est en opposition à la terre promise, et ayant lu qu’Esaü est ennemi de Jacob et qu’il y a un peuple contre lequel le Seigneur est irrité à jamais,