Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 8, 1879.djvu/493

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nous devons savoir, selon les lois de la tropologie, que cette parole a été prononcée ou contre les Juifs, adversaires des chrétiens et persécuteurs de leur frère Jacob, ce peuple supplantateur qui leur a ravi leur droit d’aînesse, ou bien contre les hérésies et les dogmes contraires à la vérité, qui tout en paraissant n’être pas éloignés de nous, sont d’autant plus nos ennemis, et s’efforcent de chasser de la maison paternelle l’homme simple et qui habite la maison de Jacob. Or, comme Idumée est aussi interprétée terrestre, et qu’à cause de sa couleur rouge elle peut être dite ensanglantée, c’est pour cela que le Sauveur présentant à son Père la victoire qu’il a remportée sur le monde, pendant que les Anges criaient de concert : « Ouvrez vos portes, ô princes, et le roi de gloire entrera ; » Psa. 23, 7 ; et que dans Isaïe ils interrogent avec étonnement : « Qui est celui-ci qui vient d’Edom et de Bosor, vêtu d’une robe roussâtre, qui éclate dans la beauté de ses vêtements ? Isa. 63, 1. Et ils lui disaient aussitôt : « Pourquoi votre robe est-elle rouge, et vos vêtements sont-ils comme les habits de ceux qui foulent la vendange dans le pressoir ? » Ibid. 2. Le Sauveur répond triomphalement, en exposant le trophée de sa croix : « J’ai été seul à fouler le pressoir, sans qu’aucun homme d’entre les nations fût avec moi. » Ibid. 3. Il en est qui rapportent l’Idumée à la chair, et qui pensent que l’âme est provoquée à la combattre, en sorte que, mortifiant sur la terre nos membres, la fornication, l’impureté, toutes les passions, nous remportions dans le Christ une victoire éternelle. C’est en vain que les Juifs rêvent que cette prophétié regarde Rome et l’empire romain ; et que dans ce passage d’Isaïe « Fardeau de Duma », on peut, avec une légère modification dans la forme de la lettre, au lieu de Daleth, lire Res ; ces paroles alors se rapportent à Rome, attendu que la lettre vau se prend en leur langue pour u et pour o.

« Nous avons entendu la parole du Seigneur, et il a envoyé un ambassadeur aux nations : Levez-vous et marchons ensemble contre Edom pour le combattre. » Abd. 1, 1. Les Septante portent : « J’ai entendu la parole du Seigneur, il a mis une défense dans les nations : Levez-vous, et marchons ensemble contre Edom pour le combattre. » Il constate dès lors, comme nous l’avons dit plus haut, qu’Edom n’est autre que l’Idumée, puisque dans l’hébreu est nommé celui-là même qui l’a fondée, et dans le grec, la ville qui a été bâtie par lui. Donc, Abdias et tous les Prophètes pareillement (car ils écrivent tous contre Edom), ont appris qu’avait été envoyé aux nations un ambassadeur, Jésus-Christ homme, médiateur de Dieu et des hommes, dont le Père céleste dit aussi par Aggée : « J’ébranlerai tous les peuples, et le désiré de toutes les nations viendra. » Agg. 2, 8. Cet ambassadeur est appelé dans Isaïe : Ange du grand conseil et père du siècle futur. Isa. 9, 1 seqq. Les Septante