Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 8, 1879.djvu/502

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qui suit : tu ne dédaigneras pas, tu ne mépriseras pas ton frère Jacob au jour de sa dévastation ; tu ne t’adjoindras pas à l’armée de Babylone ou tu ne te mettras pas contre l’armée de Juda, lorsque, vaincue par ses ennemis, elle aura tourné le dos. Dès qu’ils auront commencé de fuir par des chemins à eux connus, par les détours et les sentiers qui mènent à la solitude, tu ne te tiendras pas à la jonction des chemins, ni dans les avenues à surveiller ceux qui viennent, pour massacrer ceux qui se seront sauvés ou emprisonner les autres, et cela, ou pour en faire des captifs toi-même ou les livrer à l’ennemi. Ceci soit dit d’après l’histoire, car nous ne devons qu’effleurer ce qui est clair, pour passer aux choses obscures. Qui des hérétiques n’a point dédaigné les membres de l’Église ? qui ne se réjouit de leurs maux ? Si parfois, à cause des péchés, les peuples sont livrés à la persécution, et qu’il advienne que plusieurs, d’une foi faible ou sans profondes racines, faiblissent dans leur croyance, vous les voyez triompher, battre des mains, faire de notre ruine leur propre victoire, au point, qu’ils s’unissent aux Gentils et que la persécution devient plus cruelle par le fait des Juifs ou de ceux qui feignent d’être nos frères et s’appellent du même nom ; et lorsque quelqu’un s’échappe par la fuite ou par la pénitence, ils s’embusquent dans les issues, et, avec des sophismes et des témoignages qu’ils présentent comme étant de l’Écriture, ils offrent à ces hommes fatigués, accablés, comme des coussins cousus pour leur tête, et les placent sous leurs membres endoloris. Par là il arrive que ceux qui ont triomphé de la persécution par leur courage, ou l’ont évitée par crainte, trompés par des doctrines perverses, se retrouvent emprisonnés par l’erreur, et cette persécution est pire que celle des Gentils. Plus facilement, en effet, on échappe aux chaînes des païens qu’on ne se dégage des subtilités des hérétiques.

« Car est proche le jour du Seigneur pour toutes les nations ; il te sera fait comme tu as fait. Il fera retomber sur ta tête ce que tu as mérité et comme tu as bu sur ma sainte montagne, les nations boiront sans interruption ; et elles boiront et jusques à la lie et elles seront comme si elles n’avaient point été. » Les Septante : « Parce que le jour du Seigneur est proche pour toutes les nations, il te sera fait comme tu as fait. Ce que tu as mérité te sera rendu sur ta tête. Parce que comme tu as bu sur ma montagne sainte, toutes les nations boiront le vin ; elles boiront jusques à la lie et elles seront comme si elles n’avaient point été. » Tout cela, ô Idumée, tu cesseras de le faire, parce que la vengeance du Seigneur va descendre sur toi ; car si, d’après Jérémie, Jer. 25, 1 seqq. ceux sur qui ne planent pas la condamnation de boire ce calice, y ont bu à longs traits, serais-tu laissé comme innocent ? tu ne seras point innocent, mais tu boiras pleinement. Quant à ce qu’il dit : « Le jour du Seigneur est proche pour toutes les nations », lisons le même Jérémie et nous verrons le calice du Seigneur présenté à toutes