Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 8, 1879.djvu/503

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les nations. Aussi est-il dit : « Le calice d’or de Babylone, dans la main du Seigneur, enivre toutes les nations ; » toutes les nations, en effet, jusqu’à la Propontide, les mers Scythique, Ionienne et l’Archipel, ont été sous le sceptre de l’Assyrie et de Babylone. Lisons Hérodote et l’histoire grecque et barbare et nous verrons comment, sous ces dominateurs, s’est réalisée cette parole : « Le jour du Seigneur est proche sur toutes les nations. » Le sens de ce qui suit : « Comme tu as fait, il te sera fait, ce que tu as mérité se retrouvera sur ta tête », est celui que nous lisons dans le Psaume : « Souvenez-vous, Seigneur des enfants d’Edom, disant au jour de Jérusalem : Détruisez, détruisez jusqu’à ses fondements en elle. » Psa. 136, 7. Aussi le Prophète jette contre Babylone cette imprécation : « Malheureuse fille de Babylone, heureux qui te rendra ce que toi-même tu nous as fait ! heureux qui saisira et écrasera tes petits enfants contre la pierre ? » Ibid. 8-9. De même, ô Sion, que tu as bu sur ma montagne sainte avec les Babyloniens et tu t’es réjouie, ainsi toutes ces nations que le Babylonien avait dans sa main avec toi, se retournant contre toi, boiront et se réjouiront ; et non-seulement ils boiront, mais ils t’absorberont tellement que l’Idumée sera comme si elle n’eût point été. Les nations elles-mêmes, après t’avoir absorbée, le seront par les Mèdes, et ainsi, comme Israël fut dévoré par toi, tu le seras par Babylone, Babylone par le Mède et le Perse ; tel sera le cours de la vengeance divine. Suivons l’ordre de l’interprétation. Il est prochain, ô hérétique, le jour du Seigneur pour toutes les nations, et près de nous le jour du jugement où seront jugés tous les peuples. Ce que tu fis aux enfants de l’Église sera changé en douleur pour sa tête, et ton iniquité retombera sur ton front. De même que tu t’es réjoui de leur perte et que tu l’as célébrée par des fêtes et que sur ma sainte montagne, c’est à-dire l’Église, tu as bu, non mon calice, mais celui du diable, dont il est dit dans Habacuc : « Malheur à celui qui donne à son prochain le breuvage troublé de la dérision », Hab. 2, 15, ainsi toutes les nations ou les forces contraires préparées aux supplices ou les puissances ennemies boiront et absorberont ton sang jusqu’au jour suprême où le châtiment ayant lieu pour tous, elles-mêmes soient comme si elles n’avaient point été. Celui qui meurt à celui qui est et qui dit à Moïse : « Celui qui est m’envoie vers vous », Exo. 3, 14, selon la manière des Écritures, est dit n’être point. Aussi dans Esther lisons-nom : « Ne livrez point, Seigneur, votre royaume à ceux qui ne sont pas. » Est. 14, 11. Ce passage peut être interprété d’une autre manière : Parce que vous vous êtes réjouis de la ruine de mes serviteurs, pareille persécution viendra contre vous et vous souffrirez selon ce que vous avez fait ; et comme vous vous êtes réjouis avec les autres nations contre mon peuple, ainsi