Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 8, 1879.djvu/508

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sauveurs qui retiraient son peuple de la captivité, ainsi il en paraîtra, il en viendra et traiter comme sujette et esclave la montagne d’Esaü, c’est-à-dire les Iduméens, et, tous étant réduits, le règne sera au Seigneur. Où nous avons dit « Bosphore », l’hébreu porte Sapharad ; je ne sais pourquoi les Septante ont traduit « Ephrata », quand Aquila, Symmaque et Théodotion concordent avec le texte hébreu. Nous, nous avons appris de l’Hébreu qui nous a initié dans les saintes Écritures, à appeler ainsi le Bosphore et à dire comme le Juif : Voilà cette contrée où Hadrien nous traîna en captivité. Quand donc notre Christ sera venu, la Judée nous verra revenir de cette captivité lointaine. Nous pourrions voir là un lieu quelconque de l’empire du roi de Babylone, quoique cependant je pense autrement. C’est la coutume des Prophètes, quand ils parlent contre Babylone, les Ammonites, Moabites, les Philistins où d’autres nations, d’user fréquemment de termes de leur langue et de garder le langage de ces pays ; or, comme borne ou limite, qui s’appelle en hébreu gebul, se dit en assyrien sapharad, voici quel me paraît en être le sens : La transmigration de Jérusalem, qui fut portée sur tous les lieux et dans tous les pays, recevra les villes du Midi, c’est-à-dire de sa tribu. Quant à l’expression que nous avons employée, « il viendra des sauveurs », et que les Septante ont traduite par « ceux qui auraient été sauvés », le terme hébreu en est Mosim, et qui ne veut point dire être sauvés, au passif, comme l’ont rendu Aquila et les Septante, mais qui doit être pris à l’actif, « sauveurs », ainsi que l’a fait Symmaque ; car « sauvés », en grec σεσωσμένοι, se dit en hébreu pheletim. Jusqu’ici, en expliquant l’histoire, nous avons conduit comme nous l’avons pu notre nacelle au milieu des anfractuosités des rochers ; tendons les voiles de l’interprétation spirituelle, et que le souffle du Seigneur, en nous découvrant ses mystères, nous fasse arriver joyeux au port.

À l’époque où Benjamin possédera Galaad, la transmigration de l’armée des fils d’Israël, ou le commencement de la transmigration de l’Israël terrestre, sera qu’il arrivera à la terre des Chananéens et que la parole prophétique qui mourait de faim dans la Judée, la toison d’Israël se trouvant desséché, passe à la terre arrosée des Gentils. Là, elle trouve à nourrir des cœurs qui la reçoivent, et son pain elle-même. Ou Sareptha est un composé de deux mots et veut dire « détresse de pain », ou c’est un seul mot qui signifie « incendie. »