Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 8, 1879.djvu/510

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COMMENTAIRES SUR PROPHÈTE JONAS

UN LIVRE.

PROLOGUE.

Trois ans environ se sont écoulés depuis l’époque où j’avais fini d’expliquer les cinq prophètes Michée, Nahum, Abacuc, Sophonie et Aggée, et retenu par un autre travail, je n’ai pu depuis continuer celui-là. J’ai écrit dans cet intervalle le livre des Hommes illustres, deux volumes contre Jovinien, une apologétique, un traité sur la meilleure manière de commenter (à Pammachius), deux livres à Népotianus ou sur Népotianus, et d’autres productions qu’il serait long d’énumérer. Après tant de temps, en entrant dans ces commentaires par Jonas, comme par une seconde porte, je prie ce Prophète, figure du Sauveur, lui dont le séjour de trois jours et trois nuits dans le ventre de la baleine fut l’image prophétique de la résurrection de Notre-Seigneur, de m’obtenir la faveur de la primitive Église, afin que je mérite la venue de l’Esprit saint vers moi. Puisque Jonas veut dire colombe, et que la colombe est l’emblème du Saint-Esprit, commentons donc la colombe prophétique au moyen de la venue de la vraie colombe vers nous. Je n’ignore pas que les anciens interprètes ecclésiastiques, tant grecs que latins, ont dit bien des choses sur ce livre, et en ont obscurci plutôt qu’éclairci le sens en soulevant tant de questions, au point que leur interprétation même a besoin d’être interprétée, et que le lecteur, quand il s’en sépare, est plongé dans une incertitude plus profonde qu’avant d’en aborder la lecture. Ce n’est pas, en parlant ainsi, que je veuille jeter quelque ombre sur la gloire de grands génies, et diminuer les autres pour me grandir ; mais je rappelle simplement que la tache du commentateur consiste à éclairer à fond, et en peu de mots, les points obscurs, et moins à faire preuve d’élégante diction qu’à mettre en évidence le sens du livre