Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 8, 1879.djvu/515

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même temps, il est instruit par la conversion des nautonniers, que la multitude des Ninivites, pour grande qu’elle soit, peut être sauvée par une semblable confession, Touchant Notre-Seigneur et Sauveur, nous pouvons dire qu’il quitta sa demeure et sa patrie, et que, se revêtant de la chair, il s’enfuit en quelque sorte du ciel et vint à Tharsis, c’est-à-dire sur la mer de ce monde, selon ce qui est dit ailleurs : « Dans cette mer si grande et d’une si vaste étendue, se trouve un nombre infini de poissons, de grands et de petits animaux. C’est là que les navires passeront, et que se promènera ce dragon que vous avez formé pour s’y jouer. » Psa. 103, 25 et seqq. C’est pourquoi, dans la Passion, il disait : « Mon Père, s’il est possible, que ce calice passe loin de moi », Luc. 22, 42, de peur que, Je peuple criant à envi : « Crucifiez, crucifiez-le ! » Jn. 19, 6 ;… « nous n’avons autre roi que César », Ibid. 48, la plénitude des Gentils n’entrât et ne fussent brisés les rameaux de l’olivier franc, à la place desquels croîtraient les rejetons entés de l’olivier sauvage. Rom. 11, 1. seqq. Son amour pour ce peuple était si grand et si généreux, à cause de l’élection des ancêtres et des promesses faites Abraham, qu’attaché à la croix il disait : « Mon Père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu’ils font ; » Luc. 22, 34 ; ou assurément, puisque Tharsis signifie « contemplation de la joie », le Prophète, en venant à Joppé, dont le nom veut dire « belle », se hâte d’aller à la joie pour jouir de la béatitude du repos, pour se livrer tout entier à la théorie, pensant qu’il vaut mieux jouir pleinement de la beauté et de la variété de la science, que de voir, à l’occasion du salut des autres nations, périr le peuple parmi lequel le Christ doit être engendré selon la chair.

« Il descendit à Joppé et trouva un vaisseau qui allait à Tharsis ; il paya son passage et il y entra avec les autres, pour aller à Tharsis et fuir de devant la face du Seigneur. » Jon. 1, 3. Les Septante : « Il monta a Joppé, et trouva un navire allant à Tharsis ; il paya son passage, et il y monta, pour naviguer avec les autres jusqu’à Tharsis et fuir de devant la face du Seigneur. » Joppé est un port de la Judée, le livre des Rois et des Paralipomènes attestent ; 2Sa. 5, 1 ; seqq. 1Ch. 2, 1 ; seqq. c’est là qu’Hiram, roi de Tyr, envoyait par ses vaisseaux les bois du Liban qui devaient être transportés par terre à Jérusalem ; c’est la encore le lieu où l’on montre de nos jours, sur le rivage, les rochers où fut jadis liée Andromède, qui dut sa délivrance au secours de Persée. Les lecteurs érudits connaissent cette histoire. C’est à bon droit que le texte dit : « Le Prophète descendit », d’après la configuration de la contrée, puisque d’un pays