Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 8, 1879.djvu/514

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écrit », Exo. 33, 31-32, qu’Israël avait été sauvé à sa prière, que Moise ne fut pas effacé du livre, et que le Seigneur, au contraire, à l’occasion de son serviteur, fit miséricorde à tout le peuple. En disant « épargnez-moi », Moise atteste qu’il peut être frappé. L’Apôtre tient le même langage : « J’aurais désiré devenir victime soumise à l’anathème pour mes frères selon la chair, qui sont les Israélites. » Rom. 9, 3. Ce n’est pas qu’il désire de périr, lui dont la vie est Jésus-Christ et pour qui la mort est un gain ; Phi. 1, 1 ; seqq. mais il mérite d’autant plus la vie, qu’il a une volonté plus arrêtée de sauver les autres. En outre, Jonas, qui voit que ses devanciers ou ses contemporains en prophétie ont été envoyés aux brebis égarées de la maison d’Israël pour provoquer le peuple a la pénitence, et que le devin Balaam lui-même prophétisa sur le salut du peuple israélite, Nom. 22, 1, seqq. se plaint d’avoir été seul choisi pour être envoyé aux Assyriens, ennemis d’Israël, et à la plus grande ville de ces ennemis, où règne l’idolâtrie, où Dieu est ignoré. Enfin, motif plus grave que tout cela, il craignait que les Ninivites s’étant rangés à la pénitence à l’occasion de sa prédication, Israël ne fût entièrement abandonné. Le même Esprit qui lui confiait la mission de héraut chez les Gentils, lui faisait connaître que, lorsque les Gentils auraient embrassé la foi, la maison d’Israël périrait, et il tremblait que cet événement n’eut lieu en son temps même. De là vient qu’à l’exemple de Caïn, Gen. 4, 1, seqq. s’éloignant de la face du Seigneur, Jonas voulut fuir à Tharsis, dans laquelle Josèphe voit la ville de Tarse, en Cilicie, en changeant toutefois la première lettre, et qui est le nom d’un lieu de l’Inde, autant qu’on peut l’entendre d’après les Paralipomènes. Les Hébreux pensent que Tharsis veut dire la mer en général, d’après ce texte : « Vous briserez sous un vent impétueux les vaisseaux de Tharsis », Psa. 47, 8, c’est-à-dire de la mer ; et dans Isaïe : « Poussez les hauts cris, navires de Tharsis. » Isa. 20, 14. Sur ce point, il y a déjà plusieurs années, dans une lettre a Marcella, il me souvient d’avoir dit : Le Prophète n’avait donc pas le désir de fuir vers un lieu déterminé ; il prend la voie de la mer, pour aller où que ce soit en toute hâte ; dans la timidité du fugitif, il y a moins de place pour le choix oiseux d’une destination que pour la précipitation a saisir la première occasion de se mettre en mer. Nous pouvons ajouter qu’il croyait que Dieu était connu seulement en Judée, Psa. 75, 1, seqq. et que son nom n’était grand qu’en Israël ; mais après qu’il a éprouvé son action dans les flots, il le confesse et s’écrie : « Je suis Hébreu, et je crains Je Seigneur du ciel, qui a fait la mer et la terre. » Puisqu’il a fait la mer et la terre ferme, pourquoi pensez-vous, en quittant la terre, pouvoir échapper sur mer aux regards du créateur de la mer ? En