Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 8, 1879.djvu/534

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nous devons l’entendre comme écrit emphatiquement, en ce sens que la vie sortirait victorieusement du fond des entrailles de la mort.

« Le Seigneur parla une seconde fois à Jonas, et il lui dit : « Lève-toi, va dans Ninive la grande « ville, et publie, comme tu l’as publié déjà, ce que je dis. » Jon. 3, 1-2. Les Septante : « Le Seigneur s’adressa une seconde fois à Jonas, et lui dit : Lève-toi, va dans Ninive la grande ville, et publie ce que tu as publié déjà et que je t’avais dit. » Dieu ne dit pas au Prophète : Pourquoi n’avez-vous point fait ce qui vous avait été commandé ? celui-ci a été suffisamment repris par son naufrage et par son séjour dans le ventre de la baleine, pour que, n’ayant pas honoré le Seigneur dans l’ordre qu’il en recevait, il le bénisse dans sa délivrance. Au reste, il serait superflu, après qu’un serviteur qui a péché a été éprouvé par les souffrances, de vouloir lui imputer ce qu’il avait fait, une correction de cette sorte étant moins un amendement qu’une réprobation. Or, Notre-Seigneur après sa résurrection est envoyé une seconde fois à Ninive, en sorte qu’après avoir d’abord fui, pour ainsi dire, en disant : « Mon Père, si cela se peut, que ce calice s’éloigne de moi », Mat. 26, 39, et n’avoir pas voulu donner aux chiens le pain des enfants de Dieu, Mat. 15, 1, seqq. maintenant, parce que ceux-ci ont poussé cette clameur : « Crucifiez, crucifiez cet homme ; nous n’avons d’autre roi que César », Jn. 19, 6, 15, il se hâte d’aller volontiers à Ninive, afin de publier après sa résurrection ce qu’il avait reçu l’ordre de publier même avant sa Passion. Tout ce dont il reçoit l’ordre, en quoi il obéit, qu’il ne veut pas, qu’il est contraint de vouloir ensuite, et en quoi il fait en second lieu la volonté du Père, on doit l’appliquer à sa nature d’homme et à sa forme d’esclave, à laquelle conviennent de telles paroles.

« Jonas se leva et se rendit à Ninive, selon la parole du Seigneur. Ninive était une grande ville de Dieu, de trois journées de chemin. Jonas commença d’y entrer et d’y marcher pendant un jour. » Jon. 3, 3. Les Septante : « Jonas se leva et se rendit à Ninive, comme le lui avait dit le Seigneur. Ninive était une grande ville appartenant à Dieu, d’une étendue environ de trois journées de chemin, et Jonas commença de s’y avancer « environ jusqu’à une journée de marche. » Jonas exécuta sur l’heure l’ordre qui lui était donné. Ninive, où se rendait le Prophète, était une grande ville et d’une enceinte si considérable qu’à peine pouvait-on en faire le tour en trois journées de marche. Mais Jonas, se souvenant de l’ordre reçu et du naufrage essuyé, fit diligence et parcourut en un jour la distance de trois journées de marche. D’autres entendent simplement qu’il publia la prophétie dans le tiers de la ville, et que ses paroles parvinrent aussitôt au reste de la population. Quand à Notre-Seigneur, il est dit ici qu’après sa résurrection d’entre les morts, il publie la