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Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 8, 1879.djvu/535

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parole de Dieu, quand il envoie les Apôtres avec mission de baptiser ceux qui étaient à Ninive, au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, c’est-à-dire en trois journées de chemin. Et ce mystère lui-même du salut de l’homme s’achève en une journée de chemin, c’est-a-dire pur la confession d’un seul Dieu, Jonas prêchant moins aux Apôtres que dans les Apôtres, puisqu’il dit lui-même : « Je serai avec vous tous les jours jusqu’à la consommation des siècles », Mat. 28, 20. Nul ne doute que Ninive soit une grande ville de Dieu, lorsque le monde et toutes choses ont été faits par lui, et que rien n’a été fait sans lui, Jn. 1, 3. Il est à remarquer aussi que le texte n’emploie pas l’expression « trois jours et trois nuits », ou « un jour et une nuit », mais qu’il dit absolument « trois jours », et « un jour », pour montrer que, dans le mystère de la Trinité et dans a foi en un seul Dieu, il n’y a rien de commun avec les ténèbres.

« Il cria, et il dit : Encore quarante jours, et Ninive sera détruite. » Jon. 3, 4, Les Septante : « Ml parla hautement, et il dit : Encore trois jours, et Ninive sera détruite. » Le nombre trois que porte la version des Septante ne convient nullement a la pénitence, et cette traduction ne laisse pas que de me surprendre, quand en hébreu il n’y a aucune ressemblance entre les deux mots, ni de lettres, ni de syllabes, ni d’accents, trois se disant salos et quarante arbïm. En outre, le Prophète, ayant fait pour venir de la Judée en Assyrie un long voyage, devait demander une pénitence digne de sa prédication, afin que des blessures anciennes et pleines de pourriture pussent être guéries par la longue application du remède. Le nombre quarante convient aux pécheurs et au jeûne, à la prière et au cilice, aux larmes et à la persévérance dans l’oraison. C’est ainsi que Moise jeûna quarante jours sur le mont Sinai, Exo. 34, 1, seqq. et Élie quarante jours également, quand il fuyait Jézabel, la famine ayant été déchaînée contre la terre d’Israël et la colère de Dieu étant suspendue sur elle. 2Sa. 19, 1. seqq. Le Seigneur lui-même, le vrai Jonas envoyé pour prêcher au monde, jeûna quarante jours, et nous laissant l’héritage du jeûne, c’est sous ce nombre qu’il prépare nos âmes à se nourrir de son corps. Il cria, dit le texte, et l’Évangile nous montre l’accomplissement de cette parole : « Debout dans le temple, il criait et 1 disait : Qu celui qui a soif vienne à moi, et qu’il boive. » Jn. 7, 37. Toute parole du Sauveur est qualifiée de cri, parce qu’il prêchait de grandes choses.

« Les hommes de Ninive crurent en Dieu ; ils publièrent un jeûne, et ils se couvrirent de cilices, depuis le plus grand jusqu’au plus petit. » Jon. 2, 5. même traduction dans les Septante. Ninive a cru et Israël persévère dans son incrédulité. Le peuple incirconcis a cru, et le peuple