Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 8, 1879.djvu/537

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descend de son trône, se dépouille de son vêtement d’autrefois, se revêt du sac, s’assied sur la cendre, et ne s’en tenant pas A sa propre conversion, prêche ainsi la pénitence à ses grands : « Que les hommes, les chevaux, les bœufs et les brebis » se mortifient par la faim, se couvrent de sacs, et, ayant condamné leurs vices anciens, se consacrent entièrement à la pénitence, – ce roi, dis-je, pour certains, ce serait le diable, qui, à la fin du monde, sous prétexte qu’aucune créature raisonnable et ayant été créée par Dieu ne doit périr, descendant de son orgueil, ferait pénitence et serait rétabli dans sa dignité originelle. Ils appuient leur opinion de cet exemple, pris de Daniel, que Nabuchodonosor, après avoir fait pénitence pendant sept ans, fut réintégré dans sa première puissance, Dan. 4, 1. seqq. Mais l’Écriture sainte ne dit rien qui justifie cette opinion, et elle détruit entièrement la crainte de Dieu dans les hommes, qui se laissent facilement glisser sur la pente des vices, en se disant que le démon lui-même, qui est le fauteur du mal et la source de tous les péchés, après avoir fait pénitence, peut être sauvé ; nous la devons donc rejeter de nos esprits. N’oublions pas que, dans l’Évangile, les pécheurs sont envoyés au feu éternel préparé pour le diable et pour ses anges, Mat. 25, 1, seqq. et que c’est d’eux qu’il est dit : « Leur ver ne mourra pas, et leur feu ne s’éteindra jamais. » Isa. 66, 26. Sans doute, Dieu est clément ; quand nous sommes pécheurs nous-mêmes, nous ne nous faisons pas une joie d’exagérer sa sévérité, et nous aimons à lire dans le psaume que « le Seigneur est juste et miséricordieux », que « notre Dieu est plein de miséricorde. » Psa. 114, 8. La justice de Dieu est enveloppée de miséricorde, et c’est avec ce tempérament qu’il procède au jugement : il est bon sans cesser d’être juste, et il est juste sans, cesser d’être bon. « La miséricorde et la vérité sont allées l’une au-devant de l’autre ; la justice et la paix se sont embrassées. » Psa. 84, 11. Au reste, si toutes les créatures raisonnables sont égales, si de leur propre mouvement, ou elles s’élèvent par leurs vertus, ou elles descendent au fond de l’abîme par leurs vices, et si, le long cercle des temps et des siècles sans nombre, les choses doivent être remises en leur premier état, en sorte que la gloire de tous ceux qui ont combattu soit la même, quelle distance y aura-t-il entre la vierge et la prostituée ? quelle différence entre la mère de Notre-Seigneur et – cette comparaison seule est un crime – les prêtresses des plaisirs publics ? Gabriel et le diable seront-ils sur le même rang ? sur le même rang, les Apôtres et, les démons ? sur le même rang, les Prophètes et les faux prophètes ? sur le même rang, les martyrs et les persécuteurs ? Faites telle supposition qu’il vous plaira, doublez le nombre des années