Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 8, 1879.djvu/540

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ce que le Seigneur dira, nous l’exécuterons », Exo. 24, 3 ; mais il a considéré les œuvres, et comme il aime mieux le retour du pécheur que sa mort, Eze. 18, 1, seqq. il a volontiers changé de résolution, parce qu’il a vu le changement des œuvres ; ou plutôt Dieu a persisté dans sa résolution, qu’il a eue dès le commencement, de leur faire miséricorde, puisque quiconque désire punir, n’annonce pas hautement qu’il punira. Le mot mal doit être ici, par les raisons que nous avons données ailleurs, être entendu dans le sens de supplices et de tourments, et non dans celui que Dieu puisse faire aucun mal.

« Alors Jonas fut rempli d’une profonde affliction et il s’irrita. Il pria le Seigneur, et il lui dit:» Jon. 4, 1. Les Septante : « Jonas éprouva une tristesse profonde et une grande confusion. Il adressa une prière au Seigneur ; et il lui dit. » En voyant l’entrée de la plénitude des nations, et l’accomplissement d e la prophétie du Deutéronome : « Ils m’ont irrité à l’occasion de dieux qui ne le sont pas, et, à mon tour, je les irriterai au sujet d’une nation qui n’est pas mon peuple, je provoquerai leur colère au sujet d’une nation insensée », Deu. 32, 21, il désespère du salut d’Israël, et il est frappé d’une grande douleur, qui éclate dans ses paroles ; il expose les motifs de son chagrin, et il dit en quelque sorte : J’ai été seul choisi parmi un si grand nombre de Prophète !, pour annoncer à mon peuple sa ruine par le salut des autres. Ainsi, il ne s’attriste pas, comme le croient d’aucuns, de ce que la multitude des nations est sauvée, mais de ce qu’Israël périt. De là vient que Notre-Seigneur lui-même pleura sur Jérusalem, Luc. 19, 1, seqq. ne voulant pas 6ter le pain aux enfants pour le donner aux chiens ; Mrc. 7, 1 ; seqq. que les Apôtres prêchèrent d’abord à Israël ; Act. 13, 1 ; seqq. et que Paul désire être rendu anathème pour ses frères, les Israélites, à qui appartiennent l’adoption des enfants, et la gloire, et l’alliance, et les promesses, et la loi, qui ont pour pères les patriarches et de qui Jésus-Christ même est sorti selon la chair. Rom. 9, 1. seqq. Il est d’ailleurs bien vrai que Jonas nom qui veut dire « affligé », – éprouva une bien grande douleur et que son âme fut triste jusqu’à la mort, puisqu’afin d’empêcher, autant qu’il était possible, la ruine du peuple juif, il endura les plus cruelles tortures. Dans le sens littéral aussi, le nom d’affligé convient à merveille à ce Prophète, dont il marque les travaux, les pérégrinations et les souffrances du naufrage.

« N’est-ce pas là, Seigneur, je vous le demande, ce que ; e disais lorsque j’étais encore dans mon pays ? C’est ce que je prévoyais, et c’est pour cela que j’ai fui vers Tharsis ; car je savais que vous êtes un Dieu clément, bon, patient, plein de miséricorde, et qui pardonnez aux hommes leurs péchés. Je vous conjure donc, Seigneur, de retirer mon âme de mon corps, parce que la mort vaut mieux pour moi que la vie. » Jon. 4, 2-3. Les Septante : « Ô Seigneur, ne sont-ce