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Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/149

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briseront leurs cavaliers, et viendront présenter leur dos libre et léger à celui qui, pauvre et humble, se contenta du dos d’un ânon, [1] ceux-là, dis-je, comme se hâtant de venir de loin et, non-contents de l’élan d’une course impétueuse, se prendront à voler et viendront comme l’aigle, pour se nourrir des chairs de la parole divine et rassasier une faim de si longue durée. Sur le point que les Septante rendent ainsi : « Leurs cavaliers chevaucheront », Symmaque abordant dans le sens figuré que nous avons donné, a ainsi traduit : « Ses cavaliers seront répandus » comme de beau, c’est-à-dire tomberont et se briseront contre terre. Le nom de loups de l’Arabie, c’est-à-dire du soir et de l’Occident, convient admirablement à ceux sur qui s’est appesantie une conduite perverse et qui, après avoir habité dans les ténèbres, abandonnent promptement les ombres du soir. C’est lorsqu’ils les auront quittées pour aller d’un vol rapide manger les chairs delà parole divine, que la ruine fondra sur les impies, c’est-à-dire sur les Chaldéens, qui résistaient face à face aux hommes repentants, pour les empêcher de retourner à leur Seigneur. C’est pourquoi la ruine fondra par-derrière sur les impies qui barrent le passage à l’âme repentante. Lorsqu’ils auront été anéantis et que la captivité aura été délivrée de leurs mains, la parole divine rassemblera comme du sable les captifs chaldéens, et le sort de leurs rois fera sa joie, et leurs tyrans seront ses jouets, parce qu’elle verra que sa venue a détruit la puissance du diable, autrefois si grande, avec ces royaumes qu’il avait montrés au Sauveur, en lui disant : « Je vous les donnerai tous, si vous vous prosternez pour m’adorer. » [2]. Les délices de la prudence et le plus doux plaisir de la sagesse consistent à voir la folie détruite, et la puissance ancienne des tyrans vaincue, terrassée et tournée en dérision ; car ce n’est pas le dragon seul qui a été créé pour devenir le jouet du Seigneur ; celui qui était la première de ses créatures est devenu la risée des Anges. Et ce n’est pas lui seul que Dieu livrera, comme un passereau à un enfant ; s’il y a quelqu’autre prince cruel et d’un esprit tyrannique, il sera livré à la risée de la parole de Dieu, dont il est dit ici-même qu’elle se jouera de toute fortification. » Ces fortifications ne peuvent être autres que celles dont parle l’Apôtre : « Les armes avec lesquelles nous combattons ne sont pas charnelles, mais puissantes en Dieu pour détruire les forteresses ennemies, et renverser les raisonnements humains, et tout ce qui s’élève avec hauteur contre la science de Dieu. » [3]. S’il existe donc des forteresses, comme sont les discours qui se flattent d’avoir une hauteur et une grandeur contraire à la vérité, ou comme est toute gloire, toute richesse et toute force que loue le monde, elles seront toutes détruites, et le Verbe de Dieu se jouera de toute fortification.

  1. Jn. 12, 1
  2. Mat. 4, 9
  3. 2Co. 10, 4-5