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Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/183

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votre miséricorde ; » c’est-à-dire que le seul trouble suffit au Prophète pour sa peine, et que son âme ayant été troublée devant la colère du Seigneur, il ne lui soit nullement infligé de supplice, et que la miséricorde exclue la colère. La colère de Dieu elle-même a ses mesures dans son intensité, dans sa durée, dans ses causes, dans ceux qu’elle atteint, selon ce qui est écrit : « Vous nous nourrirez de pain arrosé de pleurs et vous nous abreuverez de larmes dans la mesure nécessaire. » [1]. Or, si le Prophète se trouble devant la colère de Dieu, et si celui qui est troublé obtient miséricorde, que devons-nous espérer, ou plutôt que ne devons-nous pas craindre, nous dont les œuvres méritent le courroux divin ? — Ce qui suit est d’après le texte hébreu.

« Lorsque vous serez irrité, vous vous souviendrez de votre miséricorde. » [2]. Nous ne devons point croire que Dieu oublie, et qu’après avoir été en colère, il se souvient de sa miséricorde ; c’est nous qui, placés sous le coup de la peine, croyons qu’il oublie, d’après cette parole : « Jusques à quand m’oublierez-vous enfin ? » [3]. Car s’il arrive que nous soyons accablés par les épreuves comme par les flots, et que la tempête rapide des démons sévisse contre nous, nous parlons à Dieu comme s’il ôtait endormi ; « Levez-vous ; pourquoi dormez-vous, Seigneur? » Et quels ne sont pas les trésors de la clémence divine ! La prophétie ne dit pas : Après que vous aurez infligé les supplices, vous vous souviendrez de votre miséricorde ; elle dit ; Lorsque vous serez irrité. Mais celui qui est irrité menace, il est vrai, mais ne frappe pas toujours. C’est ce que savait l’Apôtre, quand il disait : « La colère de Dieu se montre, éclatant du ciel contre toute l’impiété et l’injustice des hommes. » [4]. Puisqu’elle se montre, elle n’est pas déchaînée, elle ne frappe pas encore : elle se montre pour inspirer la crainte, et pour ne pas se déchaîner après avoir terrifié.


« Dieu viendra du côté du Midi, et le Saint de la montagne de Pharan, Toujours. » [5]. Les Septante : « Dieu viendra de Théman, et le Saint de la montagne couverte d’ombrages et peuplée d’arbres épais. Diapsalma. » Aquila, Symmaque et la cinquième édition, ont transcrit le mot hébreu Théman ; seul, Théodotion en a donné la signification en ces termes : « Éloïm viendra du Midi, et le Saint de la montagne de Pharan, à la fin. » Les Septante seuls ont donc mis : « De la montagne couverte

  1. Psa. 79, 6
  2. Hab. 3, 1
  3. Psa. 12, 1
  4. Rom. 1, 18
  5. Hab. 3, 3