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Page:Jerome - Œuvres complètes, trad. Bareille, tome 9, 1881.djvu/184

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d’ombrages et peuplée d’arbres épais. » Quant au mot hébreu Sela, que la cinquième édition a simplement transcrit, que les Septante ont rendu par diapsalma, « au-delà de tout chant », et moi-même par « toujours », Symmaque le rend par « à jamais », et Théodotion par « à la fin. » Dieu donc viendra de l’Auster ou du Midi, de la claire lumière et du côté de ceux qui sont appelés les enfants des jours. Aussi, dans le Cantique des Cantiques, l’époux chasse-t-il l’Aquilon et appelle-t-il l’Auster : « Levez-vous et fuyez, Aquilon ; venez, vent du Midi, soufflez dans mon jardin, et que mes parfums en découlent. » [1]. Dieu est toujours au Midi : « Où menez-vous paître votre troupeau ? où vous reposez-vous ? au Midi. ». [2]. C’est à midi seulement que Dieu vint trouver Abraham quand il était sous le chêne ; [3] ; et Joseph, qui a précédé le Sauveur comme figure, donne à midi le festin à ses frères. [4]. La connaissance de Dieu le Père vient donc en pleine lumière à ceux qui en sont dignes ; et la connaissance du Saint, c’est-à-dire du Fils de Dieu, vient de la montagne couverte d’ombrages et peuplée d’arbres épais. Cette montagne couverte d’ombrages et peuplée d’arbres épais, ou c’est le Père lui-mème, plein de vertu et de toute sagesse, dont la majesté protège toutes choses, et qui étend les ailes et réchauffe ses petits ; ou c’est le paradis céleste, plein d’anges, plein de vertus, plein des arbres les plus féconds. Et puisse m’être accordé ce bonheur qu’à ma voix, pour l’explication des Écritures, Dieu vienne dans la claire lumière, et son Fils, dont il est écrit : « Soyez saints, parce que je suis saint moi-même », [5], de la sublimité du langage dont les épais rameaux ombragent le sens mystique, sous l’entrelacement des nombreux témoignages des Écritures ; et puisse, le Père et le Fils venant, leur auditeur devenir leur hôte, pour l’accomplissement de cette parole évangélique : <r Mon Père et moi nous viendrons à lui, et nous ferons en lui notre demeure ! » [6]. Mais comme, au lieu de montagne ombragée et peuplée d’arbres, le texte hébreu porte « montagne de Pharan », puisque le mot « Pharan » veut dire « bouche de celui qui voit », il suit logiquement, d’après ma traduction, que la connaissance du Fils vient de la parole de l’homme érudit, et non de quelque parole que ce soit ; qu’elle vient de la parole qui est pleine de lumière, pleine d’yeux, pour être portée claire et pure aux oreilles des auditeurs. Par l’expression « de la montagne », il faut entendre la sublimité des doctrines. Il m’a été donné d’entendre un Hébreu qui commentait ainsi ce passage : Bethléem, où est né le Seigneur Sauveur, est située au Midi, et c’est là ce qui est dit ici : « Le Seigneur viendra du Midi », c’est-à-dire naîtra à Bethléem,' et c’est de là qu’il s’élèvera. Et parce que le Seigneur, qui est né à Bethléem, a donné autrefois la loi sur le mont Sinaï, il est lui-même le Saint qui est venu de la montagne de Pharan, puisque Pharan est un lieu voisin du mont Sina. Quant à diapsalma, « avant et après tout cantique », c’est-à-dire « toujours », en voici, disait-il, le sens : Lui qui est né à Bethléem et qui donna la loi sur la montagne

  1. Can. 4, 16
  2. Can. 1, 6
  3. Gen. 18, 1
  4. Gen. 43, 1
  5. Lev. 20, 26
  6. Jn. 14, 23